La dyslexie au travail
L’objectif de ce guide est de sensibiliser à la dyslexie au travail afin que les personnes dyslexiques exploitent pleinement leurs capacités au service de leurs ambitions professionnelles.
Ce guide est à destination des personnes dyslexiques et des employeurs.
Ce guide est à l’initiative de Mounah Bizri, co-créateur de handicapossible et personne en situation de handicap souhaitant démocratiser l’information autour du handicap et permettre à chaque personne en situation de handicap d’avoir la carrière dont elle rêve. Il a aussi créé l’Eloquence du Bégaiement et l’Eloquence de la Différence, des projets qui utilisent l’éloquence comme cadre pour montrer que le handicap est une richesse pour la vie personnelle et professionnelle.
Les principales associations pour la dyslexie en France sont l’APEDA-Dys France que vous pouvez contacter et/ou soutenir ici, et l’Association des Dyslexiques de France que vous pouvez contacter et/ou soutenir ici.
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I. La dyslexie dans le monde professionnel
La dyslexie, qu’est-ce que c’est ?
Selon la Fédération Française des Dys, la dyslexie est un trouble d’apprentissage spécifique, durable, du langage écrit. Le symptôme principal est un déficit de la conscience phonologique qui se manifeste par une difficulté à manipuler les sons qui composent les mots. La dyslexie se caractérise par des difficultés pour lire de façon correcte et fluide, pour décoder un texte et pour orthographier.
Elle peut être à l’origine d’une mauvaise compréhension en lecture (avec retentissement sur l’acquisition du vocabulaire et des savoirs académiques). La sévérité, l’intensité et l’expression du trouble varient selon les individus dont l’intelligence est préservée.
La dyslexie s’accompagne de difficultés :
– de mémorisation à court et à long terme,
– de discrimination auditive et visuelle,
– d’analyse et de mémoire séquentielle (aller dans l’ordre),
– d’acquisition des automatismes de la langue écrite,
– d’attention.
La personne dyslexique est souvent plus lente et plus fatigable compte tenu des efforts qu’elle développe pour compenser ses difficultés.
Conseils pour intégrer la dyslexie dans le monde du travail
Le monde professionnel a ses propres codes qui peuvent rendre complexe le quotidien pour les personnes dyslexiques. Voici quelques astuces qui peuvent rendre votre quotidien plus simple.
Même la dyslexie implique une différence et des difficultés au quotidien. Cela ne veut pas dire que nous sommes moins capables. Nous sommes capables d’une manière différente. L’amour de soi est clé, car vous ne pouvez pas changer qui nous sommes, mais vous pouvez changer la manière dont vous vous estimez. Cela implique également qu’il ne faut pas vous sous-estimer dans le choix de votre emploi, même si cela implique des efforts supplémentaires de votre part.
Organisation du travail
– Favoriser un cadre de travail fixe. Vous pouvez insister pour avoir des réunions à des plages fixes, surtout pour les réunions récurrentes.
– Mettre des plages horaires pour les interruptions, les réunions et les tâches nécessitant de la concentration. Cela permet de mieux maîtriser sa journée et de mieux se concentrer.
– Avoir des plages horaires fixes pour 3 types de tâches principales
- pour répondre aux emails, aux chats et aux appels potentiels.
- pour être disponible pour des réunions
- pour vous concentrer sur vos tâches
– Expliquer à vos interlocuteurs que les urgences ont un vrai impact sur votre travail, votre fatigue et qu’ils peuvent avoir un impact sur votre capacité à rendre le travail à temps.
– Demander à avoir l’ordre du jour au moins 1 heure avant une réunion.
– Demander à avoir un compte-rendu après chaque réunion.
– Préciser que la rédaction d’un compte-rendu peut être un exercice compliqué pour une personne dyslexique, qui prend beaucoup de temps et d’énergie et empêche de se concentrer sur d’autres tâches.
– Demander à être prévenu en avance si vous devez intervenir lors d’une réunion.
Intégration
– Si vous le souhaitez, vous pouvez demander la mise à disposition d’un livret d’accueil avec les principaux contacts de référence au sein de l’entreprise (pour le matériel, pour le comité d’entreprise), et les principaux acronymes et expressions utilisés. Vous pouvez préciser que cela vous permettra de mieux vous repérer et de mieux comprendre la communication spécifique à l’entreprise.
– Si vous le souhaitez, vous pouvez demander à avoir un référent au sein de votre équipe afin de pouvoir échanger régulièrement sur vos tâches en général et sur votre ressenti ainsi que sur vos besoins liés à votre dyslexie.
Communication
– Préciser que vous préférez ne pas être interrompu lors d’une réunion car cela peut vous demander des efforts supplémentaires pour reprendre votre présentation.
– Préciser qu’une communication écrite synthétique et visuelle facilite votre compréhension. Exemple : Mettre les mots importants en gras et écrire en FALC : Facile À Lire et à Comprendre.Cela permet de simplifier le texte écrit et de faciliter la compréhension, notamment pour les personnes dyslexiques. Plus de détails ici
– Préciser qu’une communication écrite manuscrite ou une communication écrite avec du franglais ou des acronymes pourra être plus compliquée pour vous qu’une communication écrite simple et tapée.
De nombreuses personnes dyslexiques ont dû trouver des solutions qui peuvent leur être spécifiques. Le mieux reste toujours de demander à la personne concernée ce dont elle a besoin, car chacun est différent. Voici des conseils qui pourront vous donner de premières pistes.
Organisation du travail
– Éviter les interruptions intempestives (Chat, appels non planifiés, questions en face à face lorsque la personne est concentrée). Si besoin, définir une plage horaire chaque jour où le collaborateur peut être sollicité de manière imprévue.
– Favoriser un cadre de travail fixe : plages horaires fixes pour les réunions, plages horaires fixes pour les tâches à réaliser, arrivée et départ du travail fixe dans la mesure du possible.
– Clarifier les imprévus et les urgences. Ceux-ci poussent à modifier l’organisation de la journée et demandent une concentration supplémentaire pour la personne dyslexique.
– Envoyer l’ordre du jour de la réunion au moins 1 heure en avance.
– Si le collaborateur dyslexique doit intervenir, prévenez-le en avance.
Intégration
– Mettre à disposition un livret d’accueil avec les principaux contacts de référence au sein de l’entreprise (pour le matériel, pour le comité d’entreprise), et expliquant les principaux acronymes et expressions utilisés.
– Assigner un collègue de référence au sein de l’équipe afin de faciliter la communication.
– Il est important d’être à l’écoute d’un collaborateur dyslexique. Plus il se sentira en confiance, plus il sera à même de communiquer sur son trouble et ses besoins afin que le travail se passe au mieux.
Communication
– Accorder le temps nécessaire à la rédaction de notes écrites. Si l’orthographe est importante, penser à mettre à disposition un logiciel de correction d’orthographe.
– Quand la communication écrite est nécessaire, il faut privilégier un texte tapé (et non manuscrit). Il faut préférer une écriture simple et claire plutôt que des abréviations, du franglais etc. Ecrire en Facile À Lire et à Comprendre et favoriser la police Arial taille 14, cela permet de faciliter la compréhension pour les personnes dyslexiques. Plus de détails ici
– Éviter d’interrompre le collaborateur dyslexique lors d’une réunion. La reprise du fil de ses idées implique une concentration accrue entraînant une fatigue supplémentaire.
– Éviter de demander au collaborateur dyslexique d’effectuer le compte-rendu de la réunion. Cela lui demande beaucoup de temps et un effort considérable.
– Favoriser une communication écrite synthétique.
Dyslexie et Reconnaissance en Qualité de Travailleurs Handicapés
Qu’est-ce qu’est la reconnaissance en qualité de travailleur handicapé ?
La dyslexie est reconnue comme un handicap par la Maison des Personnes Handicapées (MDPH). Ainsi, une personne qui bégaie est éligible à la Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). La RQTH est la reconnaissance administrative du handicap. Il ne faut pas hésiter à faire la demande de RQTH si vous pensez que cela peut vous être bénéfique.
Quels sont les avantages?
La RQTH n’est pas obligatoire. Cependant, elle est importante car elle permet:
– de bénéficier d’aménagements d’horaires pour les rendez-vous médicaux et thérapeutiques.
– de bénéficier d’avantage lors du recrutement au sein de certaines entreprises. Les entreprises sont soumises à un quota de 6% d’employés ayant une RQTH. Certaines politiques de recrutement sont avantageuses envers les personnes ayant la RQTH afin d’atteindre ces quotas.
– de bénéficier de la mise en place d’aménagements de poste tels que recommandés par la médecine du travail
– d’accéder à des services et des aides financières de l’AGEFIPH (L’organisme de l’état en charge des personnes handicapées dans une structure privée) ou du FIFPH (L’organisme de l’état en charge des personnes handicapées dans une structure publique)
– de bénéficier de règles particulières en cas de rupture de contrat de travail, comme le doublement de la durée du préavis de licenciement.
– d’accéder à des stages de réadaptation et de rééducation professionnelle en cas d’inaptitude à votre ancien métier.
Comment demander sa RQTH ? Pour demander sa RQTH, il faut remplir un dossier à envoyer à la MDPH départementale. Le dossier est détaillé ici.
Quand est-ce qu’il est possible de faire la demande de RQTH ? La demande de RQTH est une grande étape. Elle reconnaît administrativement le handicap. Il n’est pas toujours facile de faire une demande de RQTH. Certaines personnes avec dyslexie vont se considérer en situation de handicap, d’autres non. L’avantage de la RQTH, c’est qu’elle protège et qu’elle incite les entreprises à adapter l’environnement de travail au besoin de la personne.
L’autre difficulté, c’est que le handicap peut être considéré comme quelque chose de personnel que certaines personnes ne veulent pas partager avec l’ensemble de l’entreprise. Il est important de noter que la RQTH est CONFIDENTIELLE. Il est possible de la partager uniquement au médecin du travail, qui fera le nécessaire pour adapter le poste. Il n’y a aucune obligation d’en parler au responsable handicap de l’entreprise ou aux ressources humaines, même si cela peut aider pour avoir un suivi au quotidien.
La dyslexie est reconnue comme un handicap par la MDPH (Maison Des Personnes Handicapées). Ainsi, une personne avec dyslexie est éligible à la RQTH (Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé), ce qui comptabilise les personnes dyslexiques dans le quota de 6% des personnes en situation de handicap. La personne peut également demander sa RQTH lorsqu’elle est employée dans votre entreprise. La demande prend au maximum 6 mois.
Aménagements possibles pour aider la personne dyslexique
Chaque personne dyslexique a ses préférences et a pu mettre en œuvre certains mécanismes d’adaptation. Voici des conseils d’aménagements possibles, mais gardez à l’esprit que les aménagements les plus cohérents seront ceux que vous définirez avec la personne dyslexique.
– Lorsqu’il y a un contact client, le(s) interlocuteur(s) peu(ven)t être prévenu(s) en amont si la personne dyslexique le souhaite.
– Privilégier une organisation de la semaine fixe dans son fonctionnement (réunion d’équipes, points réguliers toujours au même moment).
– Donner plus de temps pour effectuer les tâches écrites et de rédaction.
– Mettre à disposition un endroit propice à la concentration (avec un minimum de distractions visuelles et sonores).
– Privilégier les courtes communications orales aux communications écrites (compte-rendu, retour du travail par mail, planification de rdv).
– Mettre à disposition des outils facilitant la communication écrite : logiciels d’assistance à l’écriture, logiciels correcteurs d’orthographe (utilisation simple avec intégration dans Word, Google Doc etc.), logiciels qui écrivent sous la dictée, logiciels de lecture de texte écrit.
II. Entretiens et dyslexie
L’entretien est un exercice ayant des enjeux multiples, pour le candidat et pour l’entreprise. Lorsque le handicap entre en jeu, l’évaluation et la prise de décision sont complexifiées. Le candidat, a pour sa part l’appréhension que sa dyslexie lui bloque des opportunités.
Avant l'entretien
L’entretien est un exercice compliqué, car c’est un exercice où la manière dont on interagit avec le recruteur est importante. Cependant, vous êtes tout à fait capable de briller pendant cet exercice !
Déclarer ou non sa dyslexie
La déclaration de la dyslexie (dans le CV, dans la lettre de motivation) est votre droit avant ou pendant l’entretien. Il n’y a aucune obligation. Déclarer sa dyslexie dans le CV ou la lettre de motivation permet aux recruteurs de mettre les aménagements nécessaires dès les entretiens. La déclaration avant l’entretien permet d’être franc sur sa dyslexie et de ne pas avoir à surcompenser pour cacher ou limiter sa dyslexie.
Si vous ne parlez pas de la dyslexie dans votre CV ou votre lettre de motivation, vous pouvez en parler lorsque les ressources humaines vous contactent pour planifier l’entretien.
L’inconvénient principal est que la dyslexie est encore mal comprise, et il y a encore de nombreux préjugés. Le but de cette page est de limiter les préjugés. L’avantage de parler de la dyslexie avant l’entretien est que cela permet à l’entreprise de vous prévoir du temps supplémentaire si nécessaire et que les formats d’entretien peuvent être adaptés. En parler permet aussi d’être moins concentré sur le bégaiement, car le recruteur sera déjà au courant, il sera donc moins surpris.
Vous trouverez ici notre guide sur la déclaration du handicap dans le monde de l’entreprise.
Préparer son entretien
– Préparer une fiche d’une page en police 14 Arial (minimum ou plus) où vous notez les principales informations que vous souhaitez mettre en avant. Cela vous servira d’aide-mémoire. Ci-dessous, vous trouverez différents sujets qui peuvent être présents dans la fiche.
Se renseigner
– Se renseigner sur l’entreprise (quelles sont ses activités ? Quelles sont les dernières actualités ?)
– Se renseigner sur le travail pour lequel vous avez un entretien. Si elle est disponible, vous pouvez lire la fiche de poste et vous renseigner sur les compétences demandées et sur les tâches à faire.
Demander les informations
– Demander aux recruteurs quelle est la tenue vestimentaire requise. Si la tenue demandée ne vous met pas à l’aise, vous pouvez demander à mettre une tenue qui vous rend à l’aise.
– Demander aux recruteurs avec qui vous allez passer les entretiens. Vous pouvez ensuite vous renseigner sur vos interlocuteurs en amont (en regardant sur LinkedIn notamment).
– Demander aux recruteurs quel est le format de l’entretien. (Entretien avec une personne, étude de cas, entretien en groupe, plan d’accès, etc.). Cela vous permettra de vous préparer au mieux. Vous pouvez préciser que les entretiens de groupe ne sont pas le format qui vous convient le mieux. Par exemple, vous pouvez préciser que les exercices de lecture/synthèse de documents ou les tests psychométriques peuvent vous désavantager. des solutions peuvent être de changer le format ou d’avoir plus de temps.
Préparer ce qu’on va dire sur soi
Le recruteur pourra vous demander de vous présenter et vous poser des questions sur vos motivations, vos forces et compétences et vos expériences passées.
Se présenter : Vous pouvez donner votre prénom, votre nom, dire quelles études vous avez faites et parler en 1 phrase (20 à 30 mots maximum) de l’une de vos passions
Les motivations : Lister au maximum 3 raisons de votre motivation. Il est important de développer vos motivations en 2 phrases courtes. Ces phrases peuvent répondre à la question « pourquoi cette motivation »)
Les forces et les compétences : Vous pouvez lister vos 3 points forts principaux pour ce poste. Cela peut être vos compétences (en code, en graphisme, en maths etc.) ou des traits de votre personnalité (courageux, persévérants etc.). Vous pouvez illustrer ces forces avec un exemple à chaque fois
Les expériences passées : L’employeur va vous demander de présenter 1 ou 2 expériences que vous avez eues. Cela peut être des expériences professionnelles, associatives, sportives ou étudiantes (projet à l’université). Pour chaque expérience, vous pouvez
- Décrire ce que vous avez fait
- Décrire le résultat de ce que vous avez fait
- Décrire ce que votre travail vous a apporté et appris.
Parler de sa dyslexie pendant l’entretien
Parler de sa dyslexie est quelque chose de très personnel. Pouvoir en parler avec un recruteur peut :
- Créer un lien avec le recruteur. Vous partagez quelque chose de très personnel. Vous partagez une partie de votre vulnérabilité. C’est quelque chose qui touche les personnes et permet de créer un lien au-delà de l’entretien
- Permettre aux recruteurs de mieux vous comprendre et de comprendre l’autisme.
À quel moment en parler ? :
Au début de l’entretien ou à la fin de l’entretien
Comment en parler ? :
– Factuellement : dire ce que ça implique pour vous en termes de compétences et de difficultés
– Positivement : le dire factuellement, en ajoutant une phrase sur ce que l’autisme vous apporte. L’autisme permet de développer plein de compétences qui peuvent être très utiles dans le monde du travail.
Dans le cadre d’un entretien, il est souvent difficile d’aller au-delà d’une différence telle que la dyslexie. Si la personne a été reçue en entretien, cela signifie qu’elle a un profil qui correspond à vos attentes. Malgré toutes les compétences énumérées sur un CV, nous avons tendance à privilégier les candidats non handicapés à des candidats différents.
Avant toute chose, préciser au candidat que s’il a un handicap, il peut le partager en amont. Cette démarche est importante afin que l’entretien soit adapté et que le recruteur puisse se préparer et se renseigner.
– Si vous savez en amont que le candidat est dyslexique :
- Faire attention au format des entretiens (les entretiens où il y a un cas à lire avec un temps limité ou des tests avec un texte écrit sont moins adaptés aux personnes dyslexiques). Des solutions peuvent être d’envoyer ces textes en avance, ou de les imprimer dans des polices plus grandes. Les tests types psychométriques ou à choix multiples peuvent être discriminatoire pour les personnes dyslexiques. Ces tests contiennent beaucoup de contenu écrit ou abstrait qui peut avoir un impact sur la personne dyslexique. Des solutions sont d’allouer du temps supplémentaire (25% de plus est raisonnable) ou d’effectuer ces tests sous forme d’études de cas à l’oral (le plus adéquat).
- Réserver une salle avec un minimum de bruit et de distraction.
- Préciser à la personne qui va faire passer l’entretien de lire la partie ci-dessous “pendant l’entretien”.
- Communiquer au candidat les différentes étapes de l’entretien (oral, test) et demandez-lui s’il a besoin d’aménagements.
- Utiliser des phrases simples et sans acronymes pour parler de l’organisation de l’entretien.
Voici quelques pistes à préparer avant l’entretien pour juger le candidat de la manière la plus objective possible :
– Avant de prendre en compte la dyslexie du candidat, a-t-il les compétences nécessaires pour le poste ?
– Peut-on adapter le poste à sa dyslexie ? Voir la section aménagement.
– Les tâches peuvent-elles être faites différemment ? Certaines tâches du poste pourront être tout aussi bien réalisées par la personne dyslexique si une approche correspondant à ses spécificités est permise.
– Est-ce que les compétences limitées par la dyslexie sont compensées par celles que la dyslexie développe ? Lors de l’entretien, posez des questions positives sur la dyslexie (les plus grandes victoires avec la dyslexie, ce que la dyslexie peut apporter). Cela aura un bénéfice pour vous, car vous pourrez appréhender la dyslexie comme autre chose qu’une contrainte, et pour le candidat, cela pourra le mettre en confiance et le rassurer.Pendant l’entretien
Conseils généraux
– Soyez à l’entretien 10 minutes en avance.
– Mettez votre téléphone en silencieux.
Conseils pour l’entretien
– Ne vous précipitez pas pour répondre à une question, prenez votre temps. Si besoin, dites que vous avez besoin de quelques secondes supplémentaires. Le plus important c’est que vous soyez satisfait de votre réponse.
– Gardez un papier où vous notez les informations principales que vous obtenez lors de votre entretien. Ainsi, vous serez sûr d’avoir les informations si besoin pendant la suite de l’entretien. Ecrivez uniquement quelques mots et en gros pour que vous puissiez vous relire facilement.
– Ayez un aide-mémoire d’une page police Arial 14 ou + avec les informations principales sur votre parcours professionnel et scolaire, afin de ne pas avoir de “trou de mémoire”.
– Si vous ne comprenez pas une question, ne paniquez pas. Demandez à votre interlocuteur de la répéter.
– S’il y a une étape de l’entretien qui vous semble compliquée avec votre dyslexie (un test écrit, un test sur ordinateur avec du texte à lire, un texte à lire rapidement), n’hésitez pas à le mentionner et à demander un autre format ou plus de temps (au moins 25%). Même si cela est difficile à demander, il est très important de le faire, car la qualité de votre entretien en dépend.
– Rappelez-vous que le plus important n’est pas votre dyslexie, mais vos compétences et ce que vous dîtes.
– Si vous souhaitez moins penser à votre dyslexie pendant l’entretien, vous pouvez en parler à votre interlocuteur pour qu’il ne soit pas surpris et pour que vous puissiez continuer l’entretien sans essayer de compenser.
– Intéressez-vous à ce que son handicap lui a permis de faire. Les aventures vécues sont une mine d’or pour apprendre à connaître la personne et découvrir toutes ses compétences. Attention, certaines personnes seront moins ouvertes à ce sujet, dans ce cas, respectez leur retenue.
– Pensez à être transparent avec votre interlocuteur. S’il vous parle de sa dyslexie, soyez honnête quant à votre position à ce sujet. Si vous avez des doutes, demandez au candidat des exemples de situations similaires à celles qu’il rencontrera durant le poste.
– Si vous pensez que la personne est dyslexique mais n’ose pas le dire, vous pouvez demander si la personne a une RQTH, vous pouvez mettre la personne à l’aise et montrer que le handicap n’est pas un tabou. Par contre, il n’est pas autorisé de demander à une personne si elle a un handicap précis.
– Ne basez pas votre impression sur la dyslexie, mais sur l’ensemble de l’échange avec la personne.
– Permettez la prise de notes lors de l’entretien. Cela permettra aux candidats de ne pas oublier des éléments clés de l’entretien.
– Les tests psychométriques ou à questions multiples peuvent être discriminants. Il est préférable de réaliser un autre type de test.
– Évitez les questions trop complexes ou avec plusieurs sous-questions. Préférez les questions concises et explicites.
– S’il y a un rendu écrit, acceptez des idées ou un rendu visuel plutôt qu’un texte complet et structuré.
– Répétez la question si nécessaire.
– Laissez le temps au candidat pour comprendre et répondre à la question.
– Laissez le temps au candidat pour comprendre et répondre à la question.
III. Dyslexie et travail
Le quotidien au travail est composé de tâches professionnelles, et de l’ensemble des échanges formels et informels entre collègues. La dyslexie peut ainsi se révéler être un vrai défi, à la fois pour les collègues et pour la personne elle-même.
Intégration au travail
La dyslexie peut demander de fortes compensations au quotidien qui fatiguent et prennent une partie importante de l’énergie. Votre différence peut se ressentir, c’est pour cela qu’il est important d’expliquer pourquoi vous êtes différent. Le dire de vive voix est compliqué, car nous partageons quelque chose de (très) personnel avec un.e inconnu.e.
Pour des conseils sur le quotidien au travail, regarder la section de la première partie.
Informer de sa dyslexie
– Vous pouvez informer votre entreprise de votre dyslexie par différents canaux (écrit ou oral) et par le biais de différentes personnes (ressources humaines, manager, collègue etc).
– Vous pouvez informer par écrit (Chat, Mail) l’un de vos collègues, votre manager ou une personne des ressources humaines. Vous pouvez expliquer en 3 lignes ce que ça implique pour vous et partager cette page.
– Si vous ne souhaitez pas le partager à toute votre équipe, vous pouvez tout d’abord en parler à l’un de vos collègues, à un manager ou à quelqu’un des ressources humaines.
– Lors d’une première rencontre, au début de l’échange, vous pouvez indiquer que vous êtes une personne dyslexique. Vous pouvez prendre 2 exemples courts avec une situation concrète (1 phrase pour chacun) qui expliquent ce que la dyslexie implique.
– Parlez de l’aspect positif de votre dyslexie : il peut y avoir un apport positif si les personnes dyslexiques font les choses qui les différencient et pour lesquelles elles sont plus performantes. En effet, cela peut être un réel atout en entreprise. Vous pouvez prendre un exemple concret où vous avez réussi quelque chose grâce à votre dyslexie.
– Vous pouvez demander des aménagements qui vous rendent à l’aise
La sensibilisation de l’équipe
Certaines personnes vont être amenées à travailler avec vous tous les jours. Leur donner des informations précises sur la dyslexie et surtout, sur votre dyslexie, permettra de mieux comprendre votre différence et de faciliter la collaboration au quotidien. Pour sensibiliser votre équipe, vous pouvez :
– Partager cette page.
– Faire une présentation à votre équipe. Elle peut être faite par quelqu’un de l’extérieur, par quelqu’un de l’entreprise ou par vous-même si vous le souhaitez.
S’affirmer au travail :
Le monde du travail est exigeant. La dyslexie implique de s’épanouir dans ce monde avec une différence. Il ne faut pas hésiter à dire ce qui vous gêne ou à demander ce que vous voulez, car si vous ne le faites pas, personne ne le fera pour vous. Il est vrai que c’est souvent assez compliqué, mais il ne faut pas hésiter car c’est votre droit.
– Certaines tâches peuvent ne pas être attribuées à une personne dyslexique car les collègues peuvent estimer que celles-ci seront plus compliquées. Si vous souhaitez réaliser ces tâches, demandez-le clairement à votre supérieur.
– Si vous souhaitez prendre la parole mais que vous n’arrivez pas à la prendre, manifestez-vous, soit dans le chat de la réunion, soit à l’oral, quitte à interrompre la réunion pour un court instant.
La dyslexie peut surprendre les personnes non-averties. Il peut également avoir un impact sur la vie sociale, qu’il ne faut pas oublier. Si la personne dyslexique interagit de manière différente, cela peut être en lien avec sa dyslexie. Il pourra être important d’en tenir compte lors du travail d’équipe.
Pour des conseils sur le quotidien au travail, regarder la section de la première partie.
La sensibilisation de l’équipe
– Permettre à la personne dyslexique de parler de sa dyslexie et de ce que cela implique pour elle, si elle le souhaite. Tout le monde n’est pas à l’aise dans cette situation.
– Distribuer la première partie informative de ce guide à l’ensemble des membres de l’équipe.
Intégration
– Mettre à disposition un livret d’accueil avec les principaux contacts de référence au sein de l’entreprise (pour le matériel, pour le comité d’entreprise), et les principaux acronymes et expressions utilisés.
– Assigner un collègue de référence au sein de l’équipe afin de faciliter la communication.
– Il est important d’être à l’écoute d’un collaborateur dyslexique. Plus il se sentira en confiance, plus il sera à même de communiquer sur son trouble et ses besoins afin que le travail se passe au mieux.
Communication
– Accorder le temps nécessaire à la rédaction de notes écrites. Si l’orthographe est importante, il faut penser à mettre à disposition un logiciel de correction orthographique.
– Quand la communication écrite est nécessaire, il faut privilégier un texte tapé (et non manuscrit). Il faut privilégier une écriture simple et claire plutôt que des abréviations, du franglais etc.
– Éviter d’interrompre le collaborateur dyslexique lors d’une réunion. La reprise du fil des idées implique une concentration accrue entraînant une fatigue supplémentaire.
– Éviter de demander au collaborateur dyslexique d’effectuer le compte-rendu de la réunion. Cela lui demande beaucoup de temps et un effort considérable.
– Favoriser une communication écrite synthétique.
Evoluer au travail
Trouver un emploi et s’intégrer dans le monde professionnel sont les premières étapes d’une grande aventure. Il y a plusieurs étapes clés qui suivent :
- Valider la période d’essai
- Être évalué sur le travail effectué
- Être promu
Travailler avec une personne avec dyslexie, c’est travailler avec une personne qui a des besoins spécifiques. Ces besoins spécifiques ne modifient en rien les compétences et les capacités de travail de la personne, ils nécessitent uniquement eu peu plus de flexibilité. De nombreux conseils et aménagements ont été proposés dans la première partie. L’enjeu est que les personnes avec dyslexie puissent être évaluées lors des étapes clés de manière équitable. Ainsi, il est envisageable d’atteindre moins sur certains aspects (notamment les aspects interpersonnels) mais plus sur d’autres aspects (notamment les aspects techniques).
Mettre en avant les compétences
La dyslexie est souvent considérée comme une contrainte. Nous oublions souvent de voir l’aspect constructif de la dyslexie. Les défis quotidiens ne peuvent être niés. Ces défis quotidiens et ces manières différentes d’appréhender le monde, forgent et développent des compétences insoupçonnées :
– Créativité : Les dyslexiques, de par leurs difficultés avec la communication écrite, cherchent parfois des échappatoires. Cela se traduit par la capacité à avoir des idées en dehors des sentiers battus (Craig McCraw, l’une des personnes à l’origine de l’idée du téléphone portable au moment où personne n’y croyait, est dyslexique) ou encore une forte imagination (Andy Warhol et Pablo Picasso étaient dyslexiques).
– Empathie : Les personnes dyslexiques ont une très bonne capacité pour comprendre leurs interlocuteurs (leurs émotions, leur langage non-verbal). Cette capacité est clé car elle permet de comprendre au mieux les besoins de son interlocuteur. Dans notre montre qui ne cesse de courir, ce sont des détails que nous pouvons ignorer mais qui peuvent permettre de comprendre pertinemment les personnes d’une même équipe, les besoins (implicites) d’un client ou d’un responsable.
– Avoir une vue d’ensemble : Les personnes dyslexiques ont la capacité de s’abstraire d’une situation particulière pour en avoir une vue d’ensemble. De nos jours, de nombreux projets demandent de grands efforts et font parfois oublier l’objectif général du projet et les étapes après ces projets. Avoir une vue d’ensemble est une capacité essentielle pour orienter les grands projets des entreprises dans la bonne direction.
– Habiletés visuospatiales : Les personnes dyslexiques ont des facilités pour toutes les tâches qui demandent une visualisation dans l’espace (ex : analyser des graphiques en 3 dimensions, le graphisme, les tâches manuelles). De nombreuses études scientifiques ont prouvé que les dyslexiques sont “excellents” lorsqu’il faut reconnaître des figures impossibles, donner de la cohérence à un ensemble ou analyser des problèmes en plusieurs dimensions.
– Résolution de problème : En lien avec la compétence visuospatiale, les dyslexiques s’avèrent être de géniaux “problem-solvers”. Ils sont capables de rassembler différents éléments d’un même problème qui sont dissociés en apparence, mais qui, lorsqu’ils sont rassemblés, permettent de trouver une réelle solution à un problème. Ils sont également capables de déceler facilement des tendances afin de donner des idées et des pistes de résolution de problèmes.
– Esprit d’entreprise : Les dyslexiques sont enclins à prendre des initiatives. De nombreux dyslexiques sont de brillants entrepreneurs ou des personnes qui ont bâti leur carrière en capitalisant sur leurs différentes compétences (résolution de problème, vue d’ensemble, etc.) qui facilitent l’esprit d’entreprise.
Ces compétences ne sont pas si évidentes en réalité. Elles nécessitent un environnement accueillant où la personne dyslexique a toute sa place et où elle n’est pas mise à l’écart de par sa différence.
La personne dyslexique doit également oser faire face aux situations qui lui sont difficiles avec sa différence afin de montrer qu’elle est bien plus qu’une personne dyslexique : c’est une personne avec un vécu unique, qui lui permet de développer des compétences qui lui sont propres et qui sortent de l’ordinaire.
La condition pour faire éclore ces compétences est l’acceptation de la différence, qu’elle soit sienne ou celle d’un collègue. L’élément crucial est de ne pas limiter les responsabilités de la personne dyslexique à cause de son handicap. Au contraire, il faut lui donner l’opportunité d’aller au-delà si elle le souhaite, sans la forcer.
La dyslexie au travail au-delà des préjugés
Une personne dyslexique peut atteindre ses rêves, même les plus “irréalistes”. Certes, le chemin sera plus sinueux, mais les difficultés rencontrées font également partie de la richesse de la dyslexie, de ce qu’elle apporte à la personne dyslexique et à celles qui la côtoient.
Certaines personnes dyslexiques sont de brillants scientifiques, d’autres sont dirigeants d’entreprise (le fondateur de Virgin est dyslexique), d’autres sont des artistes (Andy Warhol) ou des acteurs. De nombreux dyslexiques sont parmi nous, et se sentent limités par leur différence, de par la manière dont ils l’appréhendent et dont notre société la représente.
En allant au-delà des préjugés, nous permettons aux personnes souvent stigmatisées d’avoir le droit de rêver et de réaliser leurs ambitions. Les personnes dyslexiques mettent également à la disposition de notre société des compétences que nous avons trop longtemps ignorées. Nous nous concentrons sur ce qui n’est pas possible de faire, alors que nous pouvons nous intéresser aux actions qui peuvent être réalisées d’une manière différente.
L’histoire de Gary Cohn est inspirante.
Atteint de dyslexie, le jeune Gary était en échec scolaire permanent. Un professeur est allé jusqu’à dire à ses parents, qu’avec de la chance, il deviendrait chauffeur de camions.
Gary Cohn est devenu président de Goldman Sachs puis secrétaire du trésor américain. Un parcours invraisemblable pour un jeune garçon en situation de handicap. Ou peut-être pas tant que ça finalement. Pour lui, c’est de sa dyslexie qu’il tire sa force et sa capacité à aller toujours plus loin.
« Le point commun que j’ai retrouvé chez les dyslexiques que je connais, c’est notre capacité à affronter les échecs. Nous analysons la plupart des situations et nous nous focalisons beaucoup plus sur l’aspect positif de la situation que sur son aspect négatif. J’y ai réfléchi beaucoup de fois, car cela définit qui je suis. Je ne serai pas là où j’en suis sans ma dyslexie. Je n’aurai jamais saisi cette première opportunité »