Le bégaiement au travail
L’objectif de ce guide est de donner à toutes les personnes qui bégaient des outils afin qu’elles exploitent pleinement leurs capacités au service de leurs ambitions professionnelles.
Ce guide est à destination des personnes des personnes qui bégaient et des employeurs.
Ce guide est à l’initiative de Mounah Bizri, co-créateur de handicapossible et personne en situation de handicap souhaitant démocratiser l’information autour du handicap et permettre à chaque personne en situation de handicap d’avoir la carrière dont elle rêve. Il a aussi créé l’Eloquence du Bégaiement et l’Eloquence de la Différence, des projets qui utilisent l’éloquence comme cadre pour montrer que le handicap est une richesse pour la vie personnelle et professionnelle.
Ce guide a été rédigé avec l’ Association Parole Bégaiement et en particulier E. Vincent, V. Aumont-Boucand et O. Humiez. L’Association Parole Bégaiement a pour objectif depuis plus de 30 ans d’informer, de sensibiliser et d’agir pour le bégaiement. Si vous souhaitez soutenir l’association, vous pouvez adhérer ici
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I. Le bégaiement dans le monde professionnel
Le bégaiement, qu’est-ce que c’est ?
– Le bégaiement est un trouble de la parole qui affecte la communication orale. Il se caractérise par des répétitions de mots, de syllabes et de sons, par des prolongations de sons, des arrêts et des blocages qui donnent l’impression d’un effort. La recherche a montré l’existence d’un facteur héréditaire qui se traduit par une incidence plus forte de bégaiement dans certaines familles. L’origine du trouble est plurifactorielle avec une composante génétique et neurologique conjointement à des facteurs qui touchent l’individu (tempérament…) et son environnement.
– Le bégaiement atteint la qualité de vie de façon très variable selon les individus. Il peut être à l’origine d’un ressenti négatif qui prend parfois une place démesurée dans les choix de vie de la personne qui bégaie. En effet, il peut avoir une influence sur tous les aspects de la vie, en particulier les études et les projets professionnels.
– Il est à noter qu’il n’existe pas deux bégaiements similaires. Dans certains cas, même si le bégaiement paraît léger, voire inexistant, il peut avoir des répercussions psychologiques importantes. Inversement, une forme plus sévère peut être mieux vécue par la personne qui bégaie.
– Le bégaiement n’affecte en rien les compétences intellectuelles. Il est handicapant uniquement dans un contexte de communication orale, variable en fonction des situations. C’est un handicap qui évolue, la personne qui bégaie peut sortir progressivement de son trouble.
Le bégaiement vu par des personnes qui bégaient
Conseils pour intégrer le bégaiement dans le monde du travail
Quelques conseils de personnes qui bégaient
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Communication
– Le bégaiement peut surprendre un interlocuteur quand il n’est pas habitué. Si votre bégaiement est visible, vous pouvez prévenir lorsque vous rencontrez une personne pour la première fois. Vous pouvez informer de votre bégaiement par mail ou à l’oral, au début de l’échange.
– Le bégaiement ne doit pas vous empêcher de prendre la parole et de dire vos idées. Même s’il est parfois difficile de prendre la parole, osez la prendre. SI vous ne dîtes pas ce que vous pensez ou ce que vous faites, quelqu’un le fera à votre place. Si le temps est compté, vous pouvez rapidement présenter votre idée à l’oral et la détailler à l’écrit. Il est très important de ne pas fuir les prises de parole lorsqu’on bégaie, car C’est en parlant que l’on devient plus à l’aise à l’oral.
– La communication passe par le regard, la posture, les gestes et les idées. L’élocution est l’une des composantes mais ce n’est pas la seule. En faisant attention aux aspects, vous pouvez faire passer très bien votre message même si vous bégayez beaucoup.
- Faire attention à son langage non verbal : bien regarder son interlocuteur, faire des gestes pour illustrer ses propos, être droit
- Faire attention à son fond : bien réfléchir au contenu. Il faut également adapter le contenu de la réunion selon l’interlocuteur. Par exemple, le contenu peut varier si vous vous adressez à un collègue ou à votre chef.
– Le support écrit peut faciliter la prise de parole. Si vous avez une réunion ou une présentation, préparer ce que vous allez dire peut vous permettre d’avoir un support sur lequel vous reposez. Si vous sentez que vous bégayez trop, vous pouvez lire le texte lors de la réunion. Cela peut parfois faciliter la prise de parole
– Vous pouvez préciser que vous aimeriez au moins être prévenu quelques heures avant une présentation pour vous préparer. Si cela est possible, 1 ou 2 jours en avance est idéal.
Intégration
– Le bégaiement rend parfois difficile l’échange avec des collègues. Le lien social est très important, notamment dans le monde professionnel. Il est important d’essayer de partager des moments avec vos collègues, que ce soit lors de cafés ou déjeuners ou pendant des événements extraprofessionnels comme des verres, des sorties sportives ou culturelles. Vous n’êtes pas obligé de tout le temps parler. Vous pouvez également écouter et parler de temps en temps. Ne vous en faites pas si vous bégayez beaucoup ou plus que d’habitude, c’est normal lorsque vous sortez avec de nouvelles personnes.
Vécu du bégaiement
– Lorsque vous bloquez sur un mot, vous n’êtes pas obligé de reprendre la phrase dès le début. Vous pouvez faire une pause, et reprendre ensuite.
– Lorsque vous bloquez sur un mot, d’autres parties de votre corps peuvent être tendues (les mains, le visage). Relâchez-vous en faisant une pause pour atténuer les tensions et faciliter la continuation la phrase.
– Lorsque vous bloquez sur un mot, vouloir finir le mot fatigue plus qu’autre chose. Il est préférable de s’arrêter pour continuer ensuite
– Allez voir une orthophoniste spécialisée dans le bégaiement si vous ne l’avez jamais fait.
– Demandez-vous si le plus important est d’être fluent ou de pouvoir être compris ?
– Demandez-vous si le plus important est de devenir fluent ou d’accepter les différences qu’on a et “vivre avec” ?
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Communication
– Restez naturel dans l’interaction même si le bégaiement peut être parfois perturbant pour l’interlocuteur.
– Maintenez, dans la mesure du possible, le contact visuel avec la personne qui bégaie.
– Restez à l’écoute en vous intéressant davantage au contenu qu’à la forme des propos.
– Acceptez une communication non orale si vous êtes pressé.
– Évitez les conseils tels que “respirez”, “calmez-vous” qui ne sont d’aucune aide. Le bégaiement est amplifié par le stress mais n’est pas dû au stress.
– Demandez-vous ce que vous ressentez (énervement, impatience) en face de quelqu’un qui bégaie, cela vous permettra d’être vigilant aux signaux non verbaux que vous envoyez (froncement de sourcils, soupirs…). Ressentir de l’énervement ou de l’impatience est normal dans certains cas, en prendre conscience permet d’en limiter l’impact.
– Si la personne vous parle de son bégaiement, verbalisez le fait que ce n’est pas un problème.
– Si elle accepte, vous pouvez demander à la personne qui bégaie les situations qui lui sont difficiles, et comment est-ce qu’elle aimerait être accompagnée dans celles-ci.
Intégration
– Le lien social est très important dans un environnement professionnel. Les cafés, les déjeuners ainsi que les sorties extraprofessionnelles (verres, sorties culturelles ou sportives) favorisent l’ambiance de travail et le ressenti. Lorsqu’on bégaie, il peut être compliqué de se sentir à l’aise dans un groupe que la personne ne connaît pas très bien. N’hésitez pas à encourager la personne à se joindre à ces moments et faites-lui sentir que son bégaiement n’est pas un problème.
Bégaiement et Reconnaissance en Qualité de Travailleurs Handicapés
Le bégaiement est reconnu par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et peut donner droit à une RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé).
Qu’est-ce qu’est la reconnaissance en qualité de travailleur handicapé ?
Le bégaiement est reconnu comme un handicap par la Maison des Personnes Handicapées (MDPH). Ainsi, une personne qui bégaie est éligible à la Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). La RQTH est la reconnaissance administrative du handicap. Il ne faut pas hésiter à faire la demande de RQTH si vous pensez que cela peut vous être bénéfique.
Quels sont les avantages?
La RQTH n’est pas obligatoire. Cependant, elle est importante car elle permet:
– de bénéficier d’aménagements d’horaires pour les rendez-vous médicaux et thérapeutiques.
– de bénéficier d’avantage lors du recrutement au sein de certaines entreprises. Les entreprises sont soumises à un quota de 6% d’employés ayant une RQTH. Certaines politiques de recrutement sont avantageuses envers les personnes ayant la RQTH afin d’atteindre ces quotas.
– de bénéficier de la mise en place d’aménagements de poste tels que recommandés par la médecine du travail
– d’accéder à des services et des aides financières de l’AGEFIPH (L’organisme de l’état en charge des personnes handicapées dans une structure privée) ou du FIFPH (L’organisme de l’état en charge des personnes handicapées dans une structure publique)
– de bénéficier de règles particulières en cas de rupture de contrat de travail, comme le doublement de la durée du préavis de licenciement.
– d’accéder à des stages de réadaptation et de rééducation professionnelle en cas d’inaptitude à votre ancien métier.
Comment demander sa RQTH ? Pour demander sa RQTH, il faut remplir un dossier à envoyer à la MDPH départementale. Le dossier est détaillé ici.
Quand est-ce qu’il est possible de faire la demande de RQTH ? La demande de RQTH est une grande étape. Elle reconnaît administrativement le handicap. Il n’est pas toujours facile de faire une demande de RQTH. Certaines personnes autistes vont se considérer en situation de handicap, d’autres non. L’avantage de la RQTH, c’est qu’elle protège et qu’elle incite les entreprises à adapter l’environnement de travail au besoin de la personne.
L’autre difficulté, c’est que le handicap peut être considéré comme quelque chose de personnel que certaines personnes ne veulent pas partager avec l’ensemble de l’entreprise. Il est important de noter que la RQTH est CONFIDENTIELLE. Il est possible de la partager uniquement au médecin du travail, qui fera le nécessaire pour adapter le poste. Il n’y a aucune obligation d’en parler au responsable handicap de l’entreprise ou aux ressources humaines, même si cela peut aider pour avoir un suivi au quotidien.
Le bégaiement est reconnu comme un handicap par la MDPH. Ainsi, une personne qui bégaie est éligible à la RQTH, ce qui comptabilise les personnes qui bégaient dans le quota de 6%. La personne peut également demander sa RQTH lorsqu’elle est employée dans votre entreprise. La demande prend au maximum 6 mois.
Aménagements possibles pour aider la personne qui bégaie
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– Favoriser l’entretien en visio ou en présentiel à l’entretien téléphonique. Cela donne une place à la communication non-verbale et écrite, permettant d’aller au-delà du bégaiement.
– Lorsqu’il y a un contact client, le(s) interlocuteur(s) peu(ven)t être prévenu(s) en amont si la personne qui bégaie le souhaite.
– Lorsqu’il y a une présentation orale, la personne qui bégaie peut être prévenue en avance. Cela donne un temps de préparation à l’oral et de répétition, qui s’avère déterminant.
– Lorsque la personne qui bégaie intervient à l’oral, il faut éviter de lui mettre une pression temporelle. Ajouter quelques minutes à la réunion peut rendre la personne bien plus à l’aise.
– Certaines personnes qui bégaient seront à l’aise au téléphone, d’autres non. L’idéal est de se coordonner avec la personne qui bégaie pour voir si elle préfère le téléphone ou le visio avec les visages. Si la communication est pressée, le mail est envisageable. Il ne doit cependant pas être constamment privilégié afin que la personne qui bégaie ait le droit de s’exprimer à l’oral
– Des aménagements peuvent être proposés, voire incités, mais ils ne doivent pas être obligatoires. Les imposer peut avoir l’effet opposé de celui escompté.
II. Bégaiement et entretien
L’entretien est un exercice ayant des enjeux multiples, pour le candidat et pour l’entreprise. Lorsque le handicap entre en jeu, l’évaluation et la prise de décision sont complexifiées. Le candidat, a pour sa part l’appréhension que son bégaiement lui bloque des opportunités.
Conseils de personnes qui bégaient pour un entretien de recrutement
Avant l'entretien
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L’entretien est un exercice compliqué, car c’est un exercice où la manière dont on interagit avec le recruteur est importante. Cependant, vous êtes tout à fait capable de briller pendant cet exercice !
Déclarer ou non son bégaiement
La déclaration du bégaiement(dans le CV, dans la lettre de motivation) est votre droit avant ou pendant l’entretien. Il n’y a aucune obligation. Déclarer son bégaiement dans le CV ou la lettre de motivation permet aux recruteurs de mettre les aménagements nécessaires dès les entretiens. La déclaration avant l’entretien permet d’être franc sur son bégaiement et de ne pas avoir à surcompenser pour cacher ou limiter son bégaiement.
Si vous ne parlez pas du bégaiement dans votre CV ou votre lettre de motivation, vous pouvez en parler lorsque les ressources humaines vous contactent pour planifier l’entretien.
L’inconvénient principal est que le bégaiement est encore mal connu, et il y a encore de nombreux préjugés. Le but de cette page est de limiter les préjugés. L’avantage de parler du bégaiement avant l’entretien est que cela permet à l’entreprise de vous prévoir du temps supplémentaire si nécessaire. En parler permet aussi d’être moins concentré sur le bégaiement, car le recruteur sera déjà au courant, il sera donc moins surpris.
Vous trouverez ici notre guide sur la déclaration du handicap dans le monde de l’entreprise.
Préparer son entretien
Se renseigner
– Se renseigner sur l’entreprise (quelles sont ses activités ? Quelles sont les dernières actualités ?)
– Se renseigner sur le travail pour lequel vous avez un entretien. Si elle est disponible, vous pouvez lire la fiche de poste et vous renseigner sur les compétences demandées et sur les tâches à faire.
Demander les informations
– Demander aux recruteurs quelle est la tenue vestimentaire requise. Si la tenue demandée ne vous met pas à l’aise, vous pouvez demander à mettre une tenue qui vous rend à l’aise.
– Demander aux recruteurs avec qui vous allez passer les entretiens. Vous pouvez ensuite vous renseigner sur vos interlocuteurs en amont (en regardant sur LinkedIn notamment).
– Demander aux recruteurs quel est le format de l’entretien. (Entretien avec une personne, étude de cas, entretien en groupe, plan d’accès, etc.). Cela vous permettra de vous préparer au mieux. Vous pouvez préciser que les entretiens de groupe ne sont pas le format qui vous convient le mieux.
Préparer ce qu’on va dire sur soi
Le recruteur pourra vous demander de vous présenter et vous poser des questions sur vos motivations, vos forces et compétences et vos expériences passées.
Se présenter : Vous pouvez donner votre prénom, votre nom, dire quelles études vous avez faites et parler en 1 phrase (20 à 30 mots maximum) de l’une de vos passions
Les motivations : Lister au maximum 3 raisons de votre motivation. Il est important de développer vos motivations en 2 phrases courtes. Ces phrases peuvent répondre à la question « pourquoi cette motivation »)
Les forces et les compétences : Vous pouvez lister vos 3 points forts principaux pour ce poste. Cela peut être vos compétences (en code, en graphisme, en maths etc.) ou des traits de votre personnalité (courageux, persévérants etc.). Vous pouvez illustrer ces forces avec un exemple à chaque fois
Les expériences passées : L’employeur va vous demander de présenter 1 ou 2 expériences que vous avez eues. Cela peut être des expériences professionnelles, associatives, sportives ou étudiantes (projet à l’université). Pour chaque expérience, vous pouvez
- Décrire ce que vous avez fait
- Décrire le résultat de ce que vous avez fait
- Décrire ce que votre travail vous a apporté et appris.
Préparer son oral
Il est tout aussi important de préparer ce qu’on va dire que de préparer comment on va le dire. L’oral nécessite beaucoup de pratique, d’autant plus quand on bégaie. Pour vous préparer à l’oral vous pouvez répéter les questions qui sont les plus courantes (exemple: présentez-vous, parlez-moi de vos dernières expériences):
- Vous pouvez vous enregistrer ou vous filmez en écoutant ce que vous dîtes. Vous pouvez faire attention aux mots parasites (euh, bah, en fait, du coup), à la clarté de vos propos et au ton de votre voix.
- Vous pouvez faire un entretien blanc avec votre orthophoniste, votre université ou des proches pour avoir leur point de vue.
Parler de son bégaiement pendant l’entretien
Parler de son bégaiement est quelque chose de très personnel. Pouvoir en parler avec un recruteur peut :
- Créer un lien avec le recruteur. Vous partagez quelque chose de très personnel. Vous partagez une partie de votre vulnérabilité. C’est quelque chose qui touche les personnes et permet de créer un lien au-delà de l’entretien
- Permettre aux recruteurs de mieux vous comprendre et de comprendre le bégaiement.
À quel moment en parler ? :
Au début de l’entretien ou à la fin de l’entretien
Comment en parler ? :
– Factuellement : dire ce que ça implique pour vous en termes de compétences et de difficultés
– Positivement : le dire factuellement, en ajoutant une phrase sur ce que le bégaiement vous apporte. Le bégaiement permet de développer plein de compétences qui peuvent être très utiles dans le monde du travail.
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Dans le cadre d’un entretien, il est souvent difficile d’aller au-delà d’une différence telle que le bégaiement. Si la personne a été reçue en entretien, cela signifie qu’elle a un profil qui correspond à vos attentes. Malgré toutes les compétences qu’on peut voir, nous avons tendance à privilégier les candidats non handicapés à des candidats différents.
Avant toute chose, précisez au candidat que s’il a un handicap, il peut le partager en amont, et cela est important afin que l’entretien soit adapté et que le recruteur puisse se préparer et se renseigner.
Voici quelques pistes à préparer avant l’entretien pour juger le candidat de la manière la plus objective possible :
– Avant de prendre en compte le bégaiement du candidat, a-t-il les compétences nécessaires pour le poste ?
– Peut-on adapter le poste à son bégaiement ? Voir la section aménagement. Des exemples sont : Allonger les réunions de quelques minutes. Pour les échanges téléphoniques, privilégier la visio. Permettre des échanges écrits à la place des calls. Prévenir en amont les différents interlocuteurs (internes et externes).
– Le bégaiement va-t-il gêner la personne pour l’accomplissement des tâches ? Parmi les tâches les plus importantes du poste, il faut identifier celles qui paraissent très difficiles à accomplir avec un bégaiement. Normalement, avec de la patience et les aménagements présentés ci-dessus, il ne devrait pas y en avoir.
– Est-ce que les compétences entravées par le bégaiement sont compensées par celles que le bégaiement développe ? Lors de l’entretien, posez des questions positives sur le bégaiement (les plus grandes victoires avec le bégaiement, ce que le bégaiement peut apporter). Cela aura un bénéfice pour vous, car il vous permettra d’appréhender le bégaiement comme autre chose qu’une contrainte, et pour le candidat, cela pourra le mettre en confiance et le rassurer
Pendant l’entretien
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Conseils généraux
– Soyez à l’entretien 10 minutes en avance.
– Mettez votre téléphone en silencieux.
Conseils pour l’entretien
– Ne vous précipitez pas pour répondre à une question, prenez votre temps. Gardez un débit posé et calme. Cela permet de montrer que vous avez confiance en vous. N’hésitez pas à dire, “j’ai besoin de prendre mon temps”.
– Si une question n’est pas claire, vous pouvez demander à votre interlocuteur de la reformuler pour qu’elle soit plus claire pour vous.
– Faites attention à votre langage non verbal (expression du visage, des mains, du corps, et du ton de la voix).
– Rappelez-vous que le plus important n’est pas votre bégaiement, mais vos compétences et ce que vous dîtes.
– Si vous trouvez que vous bégayez trop, ou que vous êtes trop stressé, faites une pause et un silence court (quelques secondes). Cela vous permet de prendre votre temps et de vous détendre. Vous n’avez pas besoin d’enchaîner les phrases sans pause, donc reposez-vous quelques secondes à chaque fois.
– Si vous souhaitez moins penser à votre bégaiement pendant l’entretien, vous pouvez en parler à votre interlocuteur pour qu’il ne soit pas surpris et pour que vous puissiez parler sans craindre de bégayer.
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– S’intéresser à ce que son handicap lui a permis de faire. Les aventures vécues sont une mine d’or pour apprendre à connaître la personne et découvrir toutes ses compétences. Attention, certaines personnes seront moins ouvertes à ce sujet, dans ce cas, respectez leur retenue.
– Pensez à être transparent avec votre interlocuteur. S’il vous parle de son bégaiement, soyez honnête quant à votre position à ce sujet. Si vous avez des doutes, demandez au candidat des exemples de situations similaires à celles qu’il rencontrera sur le poste.
– Si vous pensez que la personne bégaie mais n’ose pas le dire, essayez d’amorcer le sujet, vous pouvez mettre la personne à l’aise et montrer que le handicap n’est pas un tabou.
– Ne basez pas votre impression sur le bégaiement, mais sur l’ensemble de l’échange avec la personne qui bégaie.
Cas de l’entretien téléphonique
Le téléphone peut accentuer le bégaiement pour certains. Ils peuvent ressentir davantage de pression, des blocages peuvent créer des « blancs » lors de la conversation.Ces « blancs » ne doivent pas être interprétés comme des absences. En effet, le téléphone se repose uniquement sur la voix et sa fluidité, ce qui est un challenge pour une personne qui bégaie. L’idéal est de privilégier le présentiel, et si cela n’est pas possible, la visioconférence avec la vidéo affichée.
III. Bégaiement au travail
Le quotidien au travail est composé de tâches professionnelles, et de l’ensemble des échanges formels et informels entre collègues. Le bégaiement peut ainsi se révéler être un vrai défi, à la fois pour les collègues et pour la personne elle-même.
Des personnes qui bégaient parlent de leur métier
Intégration au travail
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Le bégaiement peut surprendre les personnes non-averties. Même si c’est difficile, il est important de parler de son bégaiement. Que votre bégaiement soit visible ou masqué, cela se ressent lorsqu’on échange à l’oral. Le dire de vive voix est compliqué, car nous partageons quelque chose de (très) personnel avec un.e inconnu.e.
Informer de son bégaiement
– Lors d’une première rencontre, au début de l’échange (le moment privilégié) en disant seulement « je bégaie » ou « je bégaie, demandez-moi de répéter si ce n’est pas clair »
– Lorsque vous bégayez sur un mot : « j’ai un blocage » ou « je bégaie ».
– Quand cela s’y prête, vous pouvez en parler avec humour.
La sensibilisation de l’équipe
Certaines personnes vont être amenées à travailler avec vous tous les jours. Leur donner des informations précises sur le bégaiement et surtout, sur votre bégaiement, permettra de mieux comprendre votre différence et de faciliter la collaboration au quotidien. Pour sensibiliser votre équipe, vous pouvez :
– Partager cette page.
– Faire une présentation à votre équipe pour expliquer ce que le bégaiement implique, ce que vous ressentez et les conseils que vous aimeriez leur partager.
S’affirmer au travail
Le monde du travail est exigeant. Le bégaiement implique de s’épanouir dans ce monde avec une différence. Il ne faut pas hésiter à dire ce qui vous gêne ou à demander ce que vous voulez, car si vous ne le faites pas, personne ne le fera pour vous. Il est vrai que c’est souvent assez compliqué, mais il ne faut pas hésiter car c’est votre droit.
– Les discussions dans le monde professionnel peuvent aller très vite. Lorsque nous bégayons, nous parlons plus lentement, avec parfois des pauses marquées. Vos collègues peuvent vous interrompre ou vous couper la parole sans s’en rendre compte. Vous pouvez dire à la personne concernée (même si c’est votre supérieur), que vous n’avez pas terminé.
– Certaines tâches peuvent ne pas être attribuées à une personne qui bégaie car les collègues peuvent estimer que celles-ci seront plus compliquées, surtout lorsque les tâches impliquent une composante orale. Si vous souhaitez réaliser ces tâches, demandez-le clairement à votre supérieur.
– Si vous souhaitez prendre la parole mais que vous n’arrivez pas à la prendre, communiquez-le, soit dans le chat de la réunion, soit à l’oral, quitte à interrompre la réunion pour un court instant.
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Le bégaiement peut surprendre les personnes non-averties. Il peut également avoir un impact sur la vie sociale qu’il ne faut pas oublier. Si la personne qui bégaie interagit de manière différente, ça peut être également en lien avec le bégaiement. Il pourra être important d’en tenir compte au sein du travail d’équipe.
La sensibilisation de l’équipe
– Permettre à la personne qui bégaie de parler de son bégaiement et de ce que cela implique pour elle, si elle le souhaite. Tout le monde n’est pas à l’aise dans cette situation.
– Distribuer la première partie informative de ce guide à l’ensemble des membres de l’équipe.
La communication avec la personne qui bégaie
– L’effort doit venir des deux parties. Il ne faut pas hésiter à communiquer avec la personne qui bégaie s’il y a des points à améliorer dans son attitude professionnelle, dans sa manière de travailler et d’autres points qui vous semblent essentiels.
– Une personne qui bégaie ne doit pas bénéficier de traitement spécial, elle doit être jugée comme tout autre collaborateur.
– Parfois, nous pouvons croire que la personne qui bégaie a fini de parler, alors qu’elle bloque ou qu’elle prend son temps pour moins bégayer. Il est important de lui laisser le temps de finir.
– Prendre la parole en réunion pour une personne qui bégaie n’est pas toujours aisé. Afin de lui laisser sa place, vous pouvez lui demander son avis ou lui proposer de prendre la parole quand cela vous paraît cohérent.
– Pensez à être transparent avec votre interlocuteur. S’il vous parle de son bégaiement, soyez honnête quant à votre position à ce sujet. Si vous avez des doutes, demandez au candidat des exemples de situations similaires à celles qu’il rencontrera sur le poste.
– Si vous pensez que la personne bégaie mais n’ose pas le dire, essayez d’amorcer le sujet, vous pouvez mettre la personne à l’aise et montrer que le handicap n’est pas un tabou.
– Ne basez pas votre impression sur le bégaiement, mais sur l’ensemble de l’échange avec la personne qui bégaie.
Evoluer au travail
Trouver un emploi et s’intégrer dans le monde professionnel sont les premières étapes d’une grande aventure. Il y a plusieurs étapes clés qui suivent :
- Valider la période d’essai
- Être évalué sur le travail effectué
- Être promu
Travailler avec une personne avec dyslexie, c’est travailler avec une personne qui a des besoins spécifiques. Ces besoins spécifiques ne modifient en rien les compétences et les capacités de travail de la personne, ils nécessitent uniquement eu peu plus de flexibilité. De nombreux conseils et aménagements ont été proposés dans la première partie. L’enjeu est que les personnes avec dyslexie puissent être évaluées lors des étapes clés de manière équitable. Ainsi, il est envisageable d’atteindre moins sur certains aspects (notamment les aspects interpersonnels) mais plus sur d’autres aspects (notamment les aspects techniques).
Mettre en avant les compétences
Des personnes qui bégaient parlent des qualités que le bégaiement leur a apportées
Le bégaiement est souvent considéré comme une contrainte. Nous oublions souvent de voir l’aspect constructif du bégaiement. Les défis quotidiens ne peuvent être niés. Ces défis quotidiens forgent et développent des compétences insoupçonnées. Le bégaiement amène constamment les personnes qui bégaient à se dépasser, il les pousse à développer des compétences particulières. Recruter une personne qui bégaie représente un enjeu qui va au-delà des obligations légales et sociales. Il s’agit de faire de l’emploi des personnes en situation de handicap un axe de différenciation stratégique. Recruter une personne qui bégaie sera un atout en apportant d’autres compétences. Ces compétences vont dépendre de chacun ainsi que de la manière dont le bégaiement est vécu, elles peuvent donc varier d’une personne qui bégaie à une autre :
– L’écoute : De nombreux bègues ont développé une grande capacité d’écoute. L’oralité faisant parfois défaut, ils donnent une attention particulière aux propos de l’autre pour le comprendre et y répondre au mieux.
– Le courage : Tous les jours, une personne qui bégaie doit faire ce qui l’effraie le plus : prendre la parole. Ce dépassement de soi quotidien s’accumule et apprend à la personne qui bégaie à utiliser son courage dans les situations qui comptent. C’est une qualité qui n’a pas de prix, surtout dans un contexte professionnel.
– La communication émotionnelle : La prise de parole est quelque chose de très intime pour une personne qui bégaie. Cela se ressent lorsqu’elle prend la parole, surtout dans une situation stressante ou avec des enjeux. L’émotion transmise fait passer un message plus impactant. Elle impacte également le choix des mots, qui s’avère être plus authentique et plus juste.
– L’esprit analytique & l’imagination : Parfois, la personne qui bégaie n’ose pas prendre la parole. Elle compense en analysant la situation (les mots, les personnes, ce qui l’entoure), cela contribue à développer un fort esprit analytique et un fort goût pour la résolution de problèmes. D’autres personnes qui bégaient peuvent s’évader et imaginer lors de ces situations, développant ainsi un esprit créatif, qui permet de créer des idées originales dans des situations importantes.
Ces compétences ne sont pas si évidentes en réalité. Elles nécessitent un environnement accueillant où la personne qui bégaie a toute sa place et où elle n’est pas mise à l’écart de par sa différence.
La personne qui bégaie se doit également d’oser dépasser son bégaiement et de s’exposer afin de montrer qu’elle est bien plus qu’une personne qui bégaie : c’est une personne avec un vécu propre, qui lui permet de développer des compétences qui lui sont propres et qui sortent de l’ordinaire.
La condition pour faire éclore ces compétences est l’acceptation de la différence, qu’elle soit sienne ou celle d’un collègue. L’élément crucial est de ne pas limiter les responsabilités de la personne qui bégaie de par son handicap. Au contraire, il faut lui donner l’opportunité d’aller au-delà si elle le souhaite, sans la forcer.
Le bégaiement au travail au-delà des préjugés
Des personnes qui bégaient parlent de leur fierté liée au bégaiement
Une personne qui bégaie peut tout faire. Certes, le chemin sera plus sinueux, mais les difficultés rencontrées font également partie de la richesse du bégaiement et de ce qu’il apporte à la personne qui bégaie et à celles qui la côtoient.
Certaines personnes qui bégaient sont présidentes des Etats-Unis, d’autres sont dirigeants d’entreprise, d’autres sont acteurs. De nombreux bègues sont parmi nous, et se sentent limités par leur différence, de par la manière dont ils l’appréhendent et dont notre société la représentation.
En allant au-delà des préjugés, nous permettons aux personnes souvent stigmatisées d’avoir le droit de rêver et de réaliser leurs ambitions. Nous mettons également à la disposition de notre société des compétences que nous avons trop longtemps ignorées. Nous nous concentrons sur ce qui n’est pas possible de faire, alors que nous pouvons nous intéresser aux actions qui peuvent être réalisées d’une manière différente.
Stanislas Niox-Chateau, Co-fondateur et PDG de Doctolib, illustre parfaitement ces qualités : « Le plus utile c’est mon bégaiement. Je bégaie depuis tout petit, et il y a 15 ans je ne pouvais pas aller chercher une baguette à la boulangerie. Aujourd’hui je parle à des clients, je parle en public etc. Ce bégaiement m’aide à me remettre en question tous les jours. »