Le handicap auditif au travail
L’objectif de ce guide est de sensibiliser à la surdité et la malentendance au travail afin que les personnes personnes sourdes et malentendantes exploitent pleinement leurs capacités au service de leurs ambitions professionnelles.
Ce guide est à destination des personnes sourdes et malentendantes, et des employeurs.
Ce guide est à l’initiative de Mounah Bizri, co-créateur de handicapossible et personne en situation de handicap souhaitant démocratiser l’information autour du handicap et permettre à chaque personne en situation de handicap d’avoir la carrière dont elle rêve. Il a aussi créé l’Eloquence du Bégaiement et l’Eloquence de la Différence, des projets qui utilisent l’éloquence comme cadre pour montrer que le handicap est une richesse pour la vie personnelle et professionnelle.
Ce guide a été rédigé en collaboration avec l’association Unanimes, qui est l’une des fédérations d’associations en France agissant pour les personnes malentendantes et sourdes. Vous pouvez contacter et/ou soutenir Unanimes ici.
Un grand merci à Claire Dupuy (déléguée générale d’Unanimes) et Amandine Falloux pour leur contribution.
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I. La surdité et la malentendance dans le monde professionnel
La surdité et la malentendance, qu’est-ce que c’est ?
– C’est le fait que l’audition, permise normalement par le fonctionnement de divers éléments de notre (oreille externe, oreille moyenne, cochlée, nerf auditif) est défaillante. Le terme « surdité » recouvre cependant des réalités très diverses. La surdité peut être :
légère, moyenne, sévère, profonde ou totale
unilatérale (une oreille) ou bilatérale (des deux oreilles),
congénitale (de naissance) ou acquise (qui survient suite à une maladie, un traumatisme auditif ou avec la vieillesse).
Nous parlons souvent de sourds, malentendants et même de devenus sourds.
Le terme « sourd » est souvent utilisé pour désigner les personnes porteuses de surdité totale ou profonde, voire sévère, congénitale ou apparue dans la petite enfance, quand se construit le langage.Le terme « malentendant » désigne des personnes dont la fonction auditive est encore fonctionnelle même si elle reste incomplète comparée à une audition « normale ».
Le terme « devenus sourds » concerne les personnes entendantes ayant perdu l’audition après l’acquisition du langage. Ils ont appris à communiquer de manière classique.
Pour communiquer, les personnes sourdes ou malentendantes peuvent privilégier le français oral, la langue des signes française (LSF), la langue française parlée complétée (LfPC) (définition ci-dessous).
En fonction du type de surdité, des choix familiaux et personnels, une personne atteinte de surdité peut accéder à l’audition en portant un ou des appareil(s) auditif(s) ou implant(s) cochléaire(s). Même appareillée ou implantée, une personne sourde ou malentendante n’accède pas à la même qualité d’audition qu’une personne entendante. En effet, le port d’appareil(s) auditif(s) ou d’implant(s) cochléaire(s) oblige à une écoute active permanente pour reconstituer le message de l’interlocuteur et distinguer la parole orale des bruits de fond. Il en découle une plus grande fatigabilité chez ces personnes qui peuvent ressentir le besoin d’enlever leurs appareils en fonction du contexte (ex: une climatisation bruyante ou des travaux dans la rue qui compliquent la participation à une réunion). En fonction du degré de surdité, les personnes appareillées/implantées peuvent avoir recours à la lecture labiale (lire sur les lèvres) pour compléter l’information orale.
Il est à noter que chaque situation, malgré une différence similaire en apparence, peut différer grandement d’une personne à une autre. L’impact du handicap auditif peut dépendre du type de trouble mais aussi d’autres facteurs tels que le contexte familial et (para)médical dans lequel la personne sourde ou malentendante évolue. De même, le parcours scolaire, familial/personnel et professionnel peut influencer le vécu de la surdité et la qualité de vie des personnes sourde ou malentendante. Le plus important est souvent d’apprendre à comprendre la personne et ses besoins
Ainsi, Le handicap auditif atteint la qualité de vie de façon très variable selon les individus. Il peut être à l’origine d’un ressenti négatif qui prend parfois une place démesurée dans les choix de vie de la personne sourde/malentendante. En effet, il peut avoir une influence sur tous les aspects de la vie, en particulier les études et les projets professionnels.
Lecture labiale, LfPC et LSF : quésaco ?
– La lecture labiale ne permet de restituer que 30% du message oral. En effet, il est impossible de distinguer visuellement la prononciation de certains sons. Par exemple, les mots « pain », « bain » et « main » ou encore « voir » et « foire » sont des sosies labiaux : pour une personne sourde, il est impossible de les distinguer à partir de la lecture labiale. Dans ce cas, le mot sera compris par déduction en fonction du contexte. Pour distinguer ces sosies labiaux, les personnes sourdes peuvent avoir recours à la langue française parlée complétée (LfPC). La LfPC est un code manuel qui facilite la compréhension du message oral puisque chaque phonème (équivalent d’une syllabe prononcée à l’oral) est associé à un mouvement de mains (appelé «clé »). La LfPC permet alors de distinguer « pain », « bain », « main » indépendamment du contexte de la phrase et de faciliter les échanges. Pour les personnes utilisant le LfPC, l’intervention d’un codeur LfPC en réunion ou lors de l’entretien pourra permettre de faciliter les échanges.
– La langue des signes française (LSF) est une langue à part entière reconnue par la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Si l’expression péjorative « langage des signes » est encore parfois utilisée (en linguistique, le langage désigne la capacité à interagir et communiquer tandis que la langue est un système de communication complexe fondé sur un ensemble de règles), c’est probablement car le développement de la LSF a été jalonné d’obstacles depuis ses premières tentatives de formalisation au XVIIIe siècle jusque récemment. On peut en effet retenir qu’elle a été proscrite en France dans l’enseignement des jeunes sourds de 1880 (date du Congrès de Milan) jusque dans les années 1970 (« Réveil Sourd »). Utiliser l’expression « langue des signes », c’est valoriser et ne pas dénigrer une langue longtemps stigmatisée.
Quelques idées reçues
– « Mon collègue est sourd-muet » La surdité-mutité est très rare, elle désigne les personnes atteintes à la fois de surdité et de mutisme. Or la grande majorité des personnes sourdes sont en capacité de parler mais leur apprentissage de la parole orale est compliqué par l’absence de retour oral des sons prononcés. En fonction de la surdité, du parcours thérapeutique, et des choix familiaux/personnels, les personnes sourdes ou malentendants peuvent privilégier l’apprentissage de la parole orale (rééducation orthophonique) ou bien l’apprentissage de la langue des signes. Langue des signes, appareillage auditif et apprentissage de la parole ne sont toutefois pas exclusifs. Le choix du mode de communication est propre à chaque personne sourde ou malentendante, il peut évoluer au cours de la vie.
– « Une personne sourde ou malentendante qui oralise parle différemment » : La surdité est un handicap invisible : la présence d’un appareil auditif ou d’un implant cochléaire n’est pas toujours visible et la surdité peut passer inaperçue même dans une conversation. Si certaines personnes sourdes ou malentendantes ont une prononciation qui diffère de celle des entendants (par exemple le son /t/), pour d’autres (devenus sourds, atteints de surdité plus légère) la surdité n’impacte pas la façon de s’exprimer à l’oral.
– «J’aimerais apprendre le langage des signes » La LSF est une langue visuo-gestuelle qui a sa propre grammaire et syntaxe. Elle est la langue dite « naturelle » de la communauté sourde signante et est au cœur de la culture de sourde. On parle donc bien de langue des signes et non de langage des signes.
– « Tous les sourds connaissent la langue des signes » : La surdité n’implique donc pas systématiquement la maîtrise de la langue des signes française : on estime que 280 000 personnes utilisent la LSF comme langue de communication (Haeusler et al, 2014). 90% des sourds naissent de parents entendants. Dès lors, la transmission et l’apprentissage précoce de la langue des signes par les personnes sourdes ou malentendantes ne va pas de soi. De plus, en France, la prévalence de la surdité est de 9,3% mais il s’agit pour la grande majorité de surdités acquises ou de vieillesse. Seuls 12% des sourds sont nés ou devenus précocement sourds sévères ou profonds. A titre de repère, on compte 1% de sourds chez les moins de 20 ans (tous degrés confondus).
– « La langue des signes est internationale » : la langue des signes n’est pas internationale. Comme pour les langues orales, chaque pays possède sa propre langue des signes, intrinsèquement liée à la culture du pays ainsi que la langue écrite. Les signes ainsi que les alphabets manuels varient selon les langues signées de chaque pays. En revanche il existe des « signes internationaux » qui remplissent les mêmes ambitions que l’espéranto en langue orale, et permettent aux sourds de différents pays de communiquer entre eux.
Surdité, malentendance et compétences
Dans notre société actuelle, la communication est clé. Nous considérons que la communication passe essentiellement par l’oral. Or, plus de 60% de la communication passe par le non-vocal (Le non-verbal, le sens des mots, l’expressivité du corps, le regard). Être sourd ou malentendant permet d’appréhender le visuel, la communication et les relations interpersonnelles sous un nouvel angle.
En contexte professionnel, les personnes sourdes ou malentendantes sont souvent contraintes de s’engager dans un travail invisible de reconstitution de l’information (Dalle-Nazébi). En effet, beaucoup d’informations passent par des canaux informels : pause café ou déjeuner, réunions informelles, conversation dans un couloir etc. Même présente physiquement lors d’échanges verbaux, la personne sourde n’aura pas forcément compris l’intégralité de l’information (ex: incompréhension ou mauvaise interprétation de l’information en raison d’une confusion entre le mois de juillet et une employée nommée “Juliette”). Il s’agit pour les travailleurs sourds ou malentendants d’accéder à une information de qualité et non lacunaire. Adapter la communication au sein de l’entreprise, c’est alors s’assurer que la personne sourde ou malentendante mais aussi l’ensemble des employés accèdent à une information complète et de qualité.
Lorsqu’on est sourd ou malentendant, le monde professionnel n’est pas toujours adapté. Les communications passent par l’oral, les personnes parlent très vite, les communications en visio peuvent se faire sans caméra, (et la qualité des audio et vidéo peut laisser à désirer).
La communication joue un rôle clé dans notre société actuelle. Cependant, être sourd ou malentendant permet une communication différente. Au-delà de l’adaptation nécessaire des interlocuteurs qui est détaillée plus tard dans le guide, la surdité ou la malentendance permet d’avoir une autre approche à la communication
En acceptant de vivre avec votre surdité ou votre malentendance, vous vous adaptez pour aller au-delà des contraintes que notre différence nous impose. Ces compétences peuvent être une attention au langage non-verbal, une communication séquencée, une forte créativité visuelle, de la persévérance et la loyauté.
Ces compétences sont extrêmement recherchées dans le monde professionnel actuel.
Alors, venez comme vous êtes, et montrer ce dont vous êtes capables.
Recruter une personne sourde ou malentendante est un enjeu qui va au-delà des obligations légales et sociales pour l’employeur. Une personne sourde ou malentendante a généralement une relation unique. La communication est séquentielle et tournée vers l’autre. Le regard est en effet au centre de l’échange.
De plus, les personnes sourdes ou malentendantes ont un sens de l’observation en général très développé. Il y a également une forte sensibilité au langage non-verbal qui permet d’identifier des signaux qui peuvent être implicites.
L’attention portée aux détails couplée à une communication qui va à l’essentiel permettent des échanges professionnels efficaces et interpersonnels plus directs.
La mauvaise communication est une source de tension en entreprise. En s’assurant que la personne sourde a le même niveau d’information que les autres employés/collaborateurs, c’est en réalité toute l’équipe qui en bénéficie. Inclure une personne sourde ou malentendante c’est s’assurer d’un environnement de travail transparent, libéré des sources de tensions dû à une mauvaise communication.
Garder une trace écrite pour l’organisation du travail (recours à des mails récapitulatifs, utilisation systématique des entrées de calendrier, affichage écrit sur un tableau) et clarifier l’information pour aller à l’essentiel (to-do list, information résumée sous forme de bullet-points, supports visuels) permet d’améliorer la répartition des tâches et de mieux visualiser les objectifs à atteindre.
Malentendance, surdité et Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé
Qu’est-ce qu’est la reconnaissance en qualité de travailleur handicapé ?
Le handicap auditif est reconnu comme un handicap par la Maison des Personnes Handicapées (MDPH). Ainsi, une personne sourde ou malentendante est éligible à la Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). La RQTH est la reconnaissance administrative du handicap. Il ne faut pas hésiter à faire la demande de RQTH si vous pensez que cela peut vous être bénéfique.
Quels sont les avantages?
La RQTH n’est pas obligatoire. Cependant, elle est importante car elle permet:
– de bénéficier d’aménagements d’horaires pour les rendez-vous médicaux et thérapeutiques.
– de bénéficier d’avantage lors du recrutement au sein de certaines entreprises. Les entreprises sont soumises à un quota de 6% d’employés ayant une RQTH. Certaines politiques de recrutement sont avantageuses envers les personnes ayant la RQTH afin d’atteindre ces quotas.
– de bénéficier de la mise en place d’aménagements de poste tels que recommandés par la médecine du travail
– d’accéder à des services et des aides financières de l’AGEFIPH (L’organisme de l’état en charge des personnes handicapées dans une structure privée) ou du FIFPH (L’organisme de l’état en charge des personnes handicapées dans une structure publique)
– de bénéficier de règles particulières en cas de rupture de contrat de travail, comme le doublement de la durée du préavis de licenciement.
– d’accéder à des stages de réadaptation et de rééducation professionnelle en cas d’inaptitude à votre ancien métier.
Comment demander sa RQTH ? Pour demander sa RQTH, il faut remplir un dossier à envoyer à la MDPH départementale. Le dossier est détaillé ici.
Quand est-ce qu’il est possible de faire la demande de RQTH ? La demande de RQTH est une grande étape. Elle reconnaît administrativement le handicap. Il n’est pas toujours facile de faire une demande de RQTH. Certaines personnes sourdes ou malentendantes vont se considérer en situation de handicap, d’autres non. L’avantage de la RQTH, c’est qu’elle protège et qu’elle incite les entreprises à adapter l’environnement de travail au besoin de la personne.
L’autre difficulté, c’est que le handicap peut être considéré comme quelque chose de personnel que certaines personnes ne veulent pas partager avec l’ensemble de l’entreprise. Il est important de noter que la RQTH est CONFIDENTIELLE. Il est possible de la partager uniquement au médecin du travail, qui fera le nécessaire pour adapter le poste. Il n’y a aucune obligation d’en parler au responsable handicap de l’entreprise ou aux ressources humaines, même si cela peut aider pour avoir un suivi au quotidien.
La surdité et la malentendance sont reconnues comme un handicap par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Ainsi, une personne qui est sourde ou malentendante est éligible à la RQTH (Reconnaissance en qualité de travailleur handicapé), ce qui comptabilise les personnes dans le quota de 6%. La personne peut également demander sa RQTH lorsqu’elle est employée dans votre entreprise. La demande prend au maximum 6 mois.
Conseils pour intégrer la surdité et la malentendance dans le monde du travail
– Parlez de votre surdité ou malentendance dans le monde professionnel. La surdité et la malentendance peuvent être « contrôlées » pour qu’elles ne soient pas remarquées. Cependant, elles auront un impact implicite sur votre travail (peu de communication au travail, un choix très précis des mots, une non-communication lors des réunions, ne pas demander lorsqu’un mot n’est pas clair). Il est toujours difficile de faire son “coming-out”. En parler permet de ne plus se “cacher” et de pouvoir être soi-même. De plus, en prévenant votre employeur, cela devient également sa responsabilité légale (d’autant plus si vous êtes RQTH) de vous intégrer.
– La surdité ou la malentendance ne doivent pas être une excuse pour éviter de faire quelque chose. Il faut oser, même si cela implique d’exposer son handicap auditif. Vous ne pouvez pas changer le fait que vous avez une audition différente, par contre, vous pouvez changer la manière dont vous vivez avec.
– Se poser la question si notre plus grande difficulté est votre surdité ou votre malentendance, ou la manière dont vous percevez votre handicap auditif (comme une barrière, un démon, etc.)
– Demandez-vous : le plus important est-il de pouvoir entendre et parler comme tout le monde ou de pouvoir communiquer avec l’autre et être compris par celui-ci ?
– Demandez les aménagements qui vous permettent une meilleure qualité de travail :
- Demandez à être bien positionné lors des échanges (réunions, face à face) pour pouvoir communiquer à votre aise
- Demandez l’activation des vidéos lors d’une réunion en visio
- Demandez à avoir un environnement calme (qui n’est pas bruyant)
- Demandez à avoir le matériel et les logiciels nécessaires pouvant aider votre communication par téléphone et visio
Demandez l’intervention de professionnels de la communication (interprètes Français/LSF, codeurs LfPC, technicien de l’écrit) pendant les réunions (en présentiel ou en visio) ou lors d’entretiens ou de rendez-vous.
– Mettre à l’aise la personne ayant un handicap auditif, qui peut être particulièrement stressée lors d’un entretien.
– Maintenir, dans la mesure du possible, le contact visuel avec la personne sourde ou malentendante.
– Permettre à chaque personne de s’exprimer à son tour, sans couper la parole. Si les personnes ne parlent pas chacune à leur tour, la personne sourde ou malentendante suivra plus difficilement la conversation
– Placer la personne sourde ou malentendante de manière à ce qu’elle puisse voir le visage et lire sur les lèvres de l’ensemble des participants.
– S’intéresser au non-verbal tout autant qu’au verbal. La personne sourde ou malentendante pourra également avoir un langage non-verbal très expressif qui accompagne son message.
– Avoir un support écrit lors des échanges, notamment les entretiens et les réunions. Le support écrit peut-être un document word, powerpoint ou encore le partage par écrit des éléments principaux (noms propres, idées)
– Parler distinctement, à voix et rythme régulier. Si la phrase n’a pas été comprise, répétez en changeant la forme de la phrase
– Se demander ce qu’on ressent (énervement, impatience) en face de quelqu’un qui est sourd ou malentendant. Cela permet d’être vigilant aux signaux non-verbaux que vous envoyez (froncement de sourcils, soupirs…). Ressentir de l’énervement ou de l’impatience est normal dans certains cas, en prendre conscience permet d’en limiter l’impact.
– Détailler avec la personne qui est sourde ou malentendante les situations qui lui sont difficiles afin de l’aider à trouver des adaptations dans l’entreprise tout en lui permettant d’aller de l’avant.
Aménagements possibles pour aider la personne sourde ou malentendante
– L’entretien téléphonique, peut être un exercice compliqué, même si la personne est appareillée, les difficultés de compréhension (problème de réseaux, non-accès au non-verbal). L’évolution des technologies facilite cet exercice. L’idéal restant de se coordonner avec la personne pour déterminer la situation qui lui convient le mieux.
– Lorsqu’il y a un contact client, le(s) interlocuteur(s) peu(ven)t être prévenu(s) en amont si la personne sourde ou malentendante le souhaite. Il est également souhaitable d’avoir un support écrit.
– Lorsqu’il y a une présentation orale, permettez à la personne sourde ou malentendante d’être en face des principaux intervenants afin qu’elle puisse entendre et intervenir.
– Faire appel à un/une interprète LSF, un codeur LfPC ou un technicien de l’écrit pour les réunions où les conditions ne sont pas idéales pour la personne sourde ou malentendante
– La personne sourde ou malentendante doit voir ce qui se passe. Il faut donc qu’elle soit positionnée face aux zones de passage.
– Les personnes malentendantes sont sensibles au bruit ! C’est pourquoi, on s’attachera à diminuer le niveau sonore au sein du bureau en mettant en place des cloisons acoustiques, en éloignant les machines bruyantes, ou encore en installant de la moquette. Par exemple, afin de protéger une personne hyperacousique (hypersensibilité au bruit) travaillant en open space, des cloisons acoustiques mobiles positionnées tout autour de son bureau permettront d’en faire un espace presque fermé protégé des nuisances sonores.
– Lorsqu’il y a un contact client, le(s) interlocuteur(s) peu(ven)t être prévenu(s) en amont.
– Lorsqu’il y a une présentation orale, la personne malentendante ou sourde peut être prévenue en avance et partager ses besoins (salle sans bruits parasites comme des rétroprojecteurs, être placée au milieu, boucle magnétique, micro HF, etc).
II. Surdité, malentendance et entretien
Avant l'entretien
L’entretien pour une personne sourde ou malentendante est un exercice compliqué, car c’est un exercice qui repose principalement sur la communication orale. Cela ne veut cependant pas dire que vous ne pouvez pas briller pendant cet exercice.
L’entretien est un exercice compliqué, car c’est un exercice où la manière dont on interagit avec le recruteur est importante. Cependant, vous êtes tout à fait capable de briller pendant cet exercice !
Déclarer ou non sa surdité ou sa malentendance
La déclaration de la surdité ou de la malentendance (dans le CV, dans la lettre de motivation) est votre droit avant ou pendant l’entretien. Il n’y a aucune obligation. Déclarer sa surdité ou sa malentendance dans le CV ou la lettre de motivation permet aux recruteurs de mettre les aménagements nécessaires dès les entretiens. La déclaration avant l’entretien permet d’être franc sur sa surdité ou sa malentendance et de ne pas avoir à surcompenser.
Si vous ne parlez pas de votre surdité ou de votre malentendance dans votre CV ou votre lettre de motivation, vous pouvez en parler lorsque les ressources humaines vous contactent pour planifier l’entretien.
L’inconvénient principal est qu’il y a encore de nombreux préjugés. Le but de cette page est de limiter les préjugés. L’avantage de parler de la surdité ou de la malentendance avant l’entretien est que cela permet à l’entreprise de vous prévoir du temps supplémentaire si nécessaire. En parler permet aussi d’avoir à moins compenser, car le recruteur sera déjà au courant.
Vous trouverez ici notre guide sur la déclaration du handicap dans le monde de l’entreprise.
Préparer son entretien
Demander les conditions idéales
– Réfléchir aux conditions idéales d’entretien et en faire la demande: avoir une salle calme, avoir un positionnement des interlocuteurs adéquats afin de pouvoir voir leur visage (et lire sur les lèvres).
– Si vous souhaitez un interprète pour communiquer lors d’un entretien, demandez-le. C’est votre droit et le devoir du recruteur.
Se renseigner
– Se renseigner sur l’entreprise (quelles sont ses activités ? Quelles sont les dernières actualités ?)
– Se renseigner sur le travail pour lequel vous avez un entretien. Si elle est disponible, vous pouvez lire la fiche de poste et vous renseigner sur les compétences demandées et sur les tâches à faire.
Demander les informations
– Demander aux recruteurs quelle est la tenue vestimentaire requise. Si la tenue demandée ne vous met pas à l’aise, vous pouvez demander à mettre une tenue qui vous rend à l’aise.
– Demander aux recruteurs avec qui vous allez passer les entretiens. Vous pouvez ensuite vous renseigner sur vos interlocuteurs en amont (en regardant sur LinkedIn notamment).
– Demander aux recruteurs quel est le format de l’entretien. (Entretien avec une personne, étude de cas, entretien en groupe, plan d’accès, etc.). Cela vous permettra de vous préparer au mieux. Vous pouvez préciser que les entretiens de groupe nécessitent que vous puissiez être bien positionné pour communiquer avec tout le monde.
Préparer ce qu’on va dire sur soi
Le recruteur pourra vous demander de vous présenter et vous poser des questions sur vos motivations, vos forces et compétences et vos expériences passées.
Se présenter : Vous pouvez donner votre prénom, votre nom, dire quelles études vous avez faites et parler en 1 phrase (20 à 30 mots maximum) de l’une de vos passions
Les motivations : Lister au maximum 3 raisons de votre motivation. Il est important de développer vos motivations en 2 phrases courtes. Ces phrases peuvent répondre à la question « pourquoi cette motivation »)
Les forces et les compétences : Vous pouvez lister vos 3 points forts principaux pour ce poste. Cela peut être vos compétences (en code, en graphisme, en maths etc.) ou des traits de votre personnalité (courageux, persévérants etc.). Vous pouvez illustrer ces forces avec un exemple à chaque fois
Les expériences passées : L’employeur va vous demander de présenter 1 ou 2 expériences que vous avez eues. Cela peut être des expériences professionnelles, associatives, sportives ou étudiantes (projet à l’université). Pour chaque expérience, vous pouvez
- Décrire ce que vous avez fait
- Décrire le résultat de ce que vous avez fait
- Décrire ce que votre travail vous a apporté et appris.
Préparer son oral
Il est tout aussi important de préparer ce qu’on va dire que de préparer comment on va le dire. L’oral nécessite beaucoup de pratique, d’autant plus quand on est sourd ou malentendant. Pour vous préparer à l’oral vous pouvez répéter les questions qui sont les plus courantes (exemple: présentez-vous, parlez-moi de vos dernières expériences):
- Vous pouvez vous enregistrer ou vous filmez en écoutant ce que vous dîtes. Vous pouvez faire attention aux mots parasites (euh, bah, en fait, du coup), à la clarté de vos propos et au ton de votre voix.
- Vous pouvez faire un entretien blanc avec votre orthophoniste, votre université ou des proches pour avoir leur point de vue.
Parler de sa surdité ou de sa malentendance en entretien
Parler de sa surdité ou de sa malentendance est quelque chose de très personnel. Pouvoir en parler avec un recruteur peut :
- Créer un lien avec le recruteur. Vous partagez quelque chose de très personnel. Vous partagez une partie de votre vulnérabilité. C’est quelque chose qui touche les personnes et permet de créer un lien au-delà de l’entretien
- Permettre aux recruteurs de mieux vous comprendre et de comprendre l’autisme.
À quel moment en parler ? :
Au début de l’entretien ou à la fin de l’entretien
Comment en parler ? :
– Factuellement : dire ce que ça implique pour vous en termes de compétences et de difficultés
– Positivement : le dire factuellement, en ajoutant une phrase sur ce que la surdité ou la malentendance vous apporte. L’autisme permet de développer plein de compétences qui peuvent être très utiles dans le monde du travail.
Dans le cadre d’un entretien, il est souvent difficile d’aller au-delà d’une différence telle que la surdité ou la malentendance. Si la personne a été reçue en entretien, cela signifie qu’elle a un profil qui correspond à vos attentes. Malgré toutes les compétences qu’on peut voir, nous avons tendance à privilégier les candidats non handicapés à des candidats différents.
Avant toute chose, précisez au candidat que s’il a un handicap, il peut le partager en amont, et cela est important afin que l’entretien soit adapté et que le recruteur puisse se préparer et se renseigner.
Voici quelques pistes à préparer avant l’entretien pour juger le candidat de la manière la plus objective possible :
– Avant de prendre en compte la surdité du candidat, a-t-il les compétences nécessaires pour le poste ?
– Peut-on adapter le poste à sa surdité ou sa malentendance ? Voir la section aménagement.
– La surdité ou la malentendance vont-elles gêner la personne pour l’accomplissement des tâches ? Parmi les tâches les plus importantes du poste, il faut identifier celles qui paraissent très difficiles à accomplir avec un handicap auditif. Normalement, avec de la patience et les aménagements présentés ci-dessus, il ne devrait pas y en avoir.
– Est-ce que les compétences entravées par le handicap auditif sont compensées par celles que le handicap auditif développe ? Lors de l’entretien, posez des questions positives sur le handicap auditif (les plus grandes victoires avec le handicap auditif, ce que le handicap auditif peut apporter). Cela aura un bénéfice pour vous, car il vous permettra d’appréhender la surdité comme autre chose qu’une contrainte, et pour le candidat, cela pourra le mettre en confiance et le rassurer.
– Si vous savez en amont que le candidat a un handicap auditif,
- Faites attention au format des entretiens : s’il y a des tests avec des pistes audios/vidéos, assurez-vous qu’elles soient rendues accessibles. S’il y a un entretien avec plusieurs intervenants, assurez-vous que le format permettra à la personne ayant un handicap auditif d’entendre, de comprendre et de participer lors de l’intégralité de l’entretien
- Réserver une salle avec un minimum de bruit
Demander si la présence d’un interprète ou d’un codeur est nécessaire. Le cas échéant, inviter un interprète ou un codeur à prendre part à l’entretien.
Pendant l’entretien
– Parlez de votre handicap dès que vous pouvez, même s’il vous est possible de réussir un entretien sans le dire. Le dire vous permettra de présenter rapidement au(x) recruteur(s) ce que cela implique dans le cadre de l’entretien. Si vous ne comprenez pas certains mots de votre interlocuteur ou si lui ne comprend pas certains de vos mots, il vous sera légitime de demander des adaptations. Par conséquent, cela permettra de créer un environnement d’entretien qui sera à votre avantage.
– Soyez à l’entretien 10 minutes en avance.
– Ne vous précipitez pas pour répondre à une question, prenez votre temps. Assurez-vous de bien comprendre la question. Si besoin, demandez à votre interlocuteur de répéter.
Conseils généraux
– Soyez à l’entretien 10 minutes en avance.
– Mettez votre téléphone en silencieux.
Conseils pour l’entretien
– Ne vous précipitez pas pour répondre à une question, prenez votre temps. Gardez un débit posé et calme. Cela permet de montrer que vous avez confiance en vous. N’hésitez pas à dire, “j’ai besoin de prendre mon temps”.
– Si une question n’est pas claire, vous pouvez demander à votre interlocuteur de la reformuler pour qu’elle soit plus claire pour vous.
– Assurez-vous de la compréhension de votre interlocuteur. Vous pouvez compléter vos réponses orales par des réponses écrites si cela vous rend plus à l’aise.
– Si la salle et/ou le format de l’entretien vous paraissent inadaptés, vous avez le droit de le signaler. Le recruteur pourra ainsi adapter au mieux les conditions de l’entretien pour que vous puissiez réussir l’entretien au mieux. Par contre, si vous ne le dites pas, le recruteur ne pourra pas le deviner à votre place.
– Avoir conscience de l’importance de son langage non-verbal. Prendre son temps pour bien articuler et sourire. Si vous avez une moustache, assurez-vous que le candidat peut bien vous entendre.
– Se concentrer principalement sur le candidat si un interprète ou un codeur est présent.
– S’intéresser à ce que son handicap lui a permis de faire. Les aventures vécues sont une mine d’or pour apprendre à connaître la personne et découvrir toutes ses compétences. Attention, certaines personnes seront moins ouvertes à ce sujet, dans ce cas, respectez leur retenue.
– Pensez à être transparent avec votre interlocuteur. S’il vous parle de son handicap auditif, soyez honnête quant à votre position à ce sujet. Si vous avez des doutes, demandez au candidat des exemples de situations similaires à celles qu’il rencontrera sur le poste.
– Si vous pensez que la personne a un handicap auditif mais n’ose pas le dire, essayez d’amorcer le sujet, vous pouvez mettre la personne à l’aise et montrer que le handicap n’est pas un tabou.
– Ne basez pas votre impression sur le handicap auditif, mais sur l’ensemble de l’échange avec la personne ayant un handicap auditif.
Les entretiens avec plusieurs personnes :
– Indiquer quand une autre personne prend la parole.
– Demander en amont si le candidat souhaite qu’on mentionne son handicap auditif et qu’on explique le rôle de l’interprète ou du codeur aux autres intervenants ou candidats
Cas de l’entretien téléphonique
L’entretien téléphonique peut être un exercice compliqué, même si la personne est appareillée, les difficultés de compréhension (problème de réseaux, non-accès au non-verbal). L’évolution des technologies facilite cet exercice. L’idéal restant de se coordonner avec la personne pour déterminer la situation qui lui convient le mieux.
Des plateformes de relais téléphonique ou de visio-interprétation peuvent être des solutions, même s’il faut privilégier le présentiel.
III. Surdité et malentendance au travail
Avoir une personne sourde ou malentendante dans une équipe peut requérir une adaptation afin que la personne fasse partie intégrante de l’équipe et qu’elle puisse apporter toute sa valeur ajoutée. Le handicap auditif est certes un handicap pour la communication orale. Il peut également s’avérer être un atout dont bénéficieront son équipe et son entreprise dans de nombreuses situations.
Tout l’enjeu de l’intégration d’une personne sourde ou malentendante dans une équipe est de lui permettre d’aller au-delà du handicap auditif, afin qu’elle mette en avant ses atouts.
Intégration au travail
Le handicap auditif peut surprendre les personnes non-averties. Même si c’est difficile, il est important de parler de sa surdité ou de sa malentendance. Votre différence peut se ressentir, c’est pour cela qu’il est important d’expliquer pourquoi vous êtes différent. Le dire de vive voix est compliqué, car nous partageons quelque chose de (très) personnel avec un.e inconnu.e.
Informer de son handicap auditif
– Lors du premier échange (Le moment privilégié) en disant seulement « je suis sourd»/« je suis malentendant» ou «je suis sourd, je peux vous demander de répéter certains mots ou parler plus lentement afin que je m’assure d’avoir bien compris »/«je suis malentendant, je peux vous demander de répéter certains mots ou parler plus lentement afin que je m’assure d’avoir bien compris ».
– Lorsque vous avez des difficultés sur une situation. « Cette situation est plus difficile pour moi car je suis sourd. Pourriez-vous répéter ou écrire le mot»/« Cette situation est plus difficile pour moi car je suis sourd. Pourriez-vous répéter ou écrire le mot».
– En parlant de l’aspect positif de votre surdité ou de votre malentendance. Notre différence nous contraint, elle nous apporte également. Mettre en avant des moments liés à votre surdité ou malentendance dont vous êtes fier permettra de mettre en avant votre différence comme un atout. Vous pouvez également parler de ce que votre surdité ou votre malentendance vous apportent.
La sensibilisation de l’équipe
Certaines personnes vont être amenées à travailler avec vous tous les jours. Leur donner des informations précises sur le handicap auditif et surtout, sur votre handicap auditif, permettra de mieux comprendre votre différence et de faciliter la collaboration au quotidien. Pour sensibiliser votre équipe, vous pouvez :
– Partager cette page.
– Faire une présentation à votre équipe pour expliquer ce que votre surdité ou votre malentendance implique, ce que vous ressentez et les conseils que vous aimeriez leur partager.
S’affirmer au travail:
Le monde du travail est exigeant. La surdité ou la malentendance impliquent de s’épanouir dans ce monde avec une différence. Il ne faut pas hésiter à dire ce qui vous gêne ou à demander ce que vous voulez, car si vous ne le faites pas, personne ne le fera pour vous. Il est vrai que c’est souvent assez compliqué, mais il ne faut pas hésiter car c’est votre droit.
– Certaines tâches peuvent ne pas être attribuées à une personne sourde ou malentendante car les collègues peuvent estimer que celles-ci seront plus compliquées. Si vous souhaitez réaliser ces tâches, demandez-le clairement à votre supérieur.
– Si vous souhaitez prendre la parole mais que vous n’arrivez pas à la prendre, communiquez-le, soit dans le chat de la réunion, soit à l’oral, quitte à interrompre la réunion pour un court instant.
Le handicap auditif peut surprendre les personnes non-averties. Il peut également avoir un impact sur la vie sociale qu’il ne faut pas oublier. Si la personne interagit de manière différente, ça peut être également en lien avec sa différence. Il pourra être important d’en tenir compte au sein du travail d’équipe.
La sensibilisation de l’équipe
– Permettre à la personne de parler de son handicap auditif et de ce que cela implique pour elle, si elle le souhaite. Tout le monde n’est pas à l’aise dans cette situation.
– Distribuer la première partie informative de ce guide à l’ensemble des membres de l’équipe.
– Pour les événements d’équipe (déjeuner, afterwork), penser à des endroits calmes, dans lesquels la personne sourde ou malentendante pourra vous comprendre
La communication avec la personne sourde ou malentendante
– Quand vous échangez avec la personne sourde ou malentendante, assurez-vous que vous êtes bien en face d’elle. Prenez également le temps de bien articuler.
– L’effort doit venir des deux parties. Il ne faut pas hésiter à communiquer avec la personne sourde ou malentendante. s’il y a des points à améliorer dans son attitude professionnelle, dans sa manière de travailler et d’autres points qui vous semblent essentiels.
– Une personne sourde ou malentendante ne doit pas bénéficier de traitement spécial, elle doit être jugée comme tout autre collaborateur.
– S’il y a un problème de performance, portez-le à l’attention de la personne
en utilisant un langage clair et explicite
– Lors des réunions en visio, pensez à mettre vos caméras. Il faut également s’assurer que le collaborateur ait accès aux bons outils adaptés pour les réunions téléphoniques et visios.
– Lors des réunions, la personne sourde ou malentendante doit pouvoir être proche de l’ensemble des participants et voir leur visage. Si cela n’est pas possible, la présence d’un(e) interprète est nécessaire.
– Lors échanges oraux, il est possible de compléter avec des supports écrits (écrire les noms propres et les principales idées, un powerpoint, un document word)
Conseils pour créer un environnement de travail adéquat
– Permettre à la personne sourde ou malentendante de travailler dans un environnement calme (sans bruit parasite)
– Encourager l’utilisation de notes écrites, de schémas, et de todo-list. Des icônes et des systèmes de classification par couleur aideront à l’organisation. Les personnes sourdes ou malentendantes sont plus sensibles aux éléments visuels qu’aux éléments visuels
Mettre en avant les compétences
Le handicap auditif est souvent considéré comme une contrainte. Nous oublions souvent de voir l’aspect constructif du handicap auditif. Les défis quotidiens ne peuvent être niés. Ces défis quotidiens et ces manières différentes d’appréhender le monde, forgent et développent des compétences insoupçonnées :
– L’Adaptation : Être sourd ou malentendant nécessite de s’adapter à une multitude d’actions quotidiennes des plus simples (entendre une voiture qui klaxonne lorsqu’on traverse) aux plus compliquées (suivre une réunion avec plusieurs personnes qui parlent simultanément). Cette adaptation contrainte pousse à trouver constamment des solutions aux problèmes afin de pouvoir continuer à avancer. Dans un monde qui change constamment avec l’apparition de nouvelles technologies et contraintes, il est important d’avoir les ressources et l’état d’esprit pour s’adapter rapidement et efficacement.
– Attention au détail : La personne sourde ou malentendante doit faire attention aux détails pour être en mesure de bien communiquer. Elle peut faire attention au langage non-verbal, aux lèvres, aux gestes (si la communication est en langue des signes, notamment). Cette attention au détail est cruciale dans de nombreux métiers où la qualité du travail et la compréhension précise de situation complexe sont très importantes pour les entreprises évoluant dans des industries compétitives et complexes.
– Bonne communication : Les personnes sourdes ou malentendantes sont généralement de très bons communicants. Leur différence les pousse à parler de manière séquencée (chacun son tour), à dire les choses clairement et directement (dire non s’il le faut et dire explicitement ce qu’elles pensent) tout en s’assurant de la compréhension de leur(s) interlocuteur(s). Une communication simple et efficace permet à toutes les parties prenantes de comprendre la situation, partager leur point de vue et d’avancer conjointement vers l’objectif commun.
– Visuel : Les personnes sourdes ou malentendantes peuvent également avoir de fortes compétences en communication visuelle. Le fait de devoir se reposer sur des gestes, des formes, du texte pour comprendre au mieux un message permet d’appréhender au mieux la communication visuelle et sa mise en place de manière créative. La manufacture digitale et Sabooj sont deux entreprises françaises qui utilisent ces compétences comme atout stratégique.
Ces compétences ne sont pas si évidentes en réalité. Elles nécessitent un environnement accueillant où la personne sourde ou malentendante a toute sa place et où elle n’est pas mise à l’écart de par sa différence.
La personne sourde ou malentendante se doit également d’oser faire face aux situations qui lui sont difficiles avec sa différence afin afin de montrer qu’elle est bien plus qu’une personne sourde ou malentendante : c’est une personne avec un vécu propre, qui lui permet de développer des compétences qui lui sont propres et qui sortent de l’ordinaire.
La condition pour faire éclore ces compétences est l’acceptation de la différence, qu’elle soit sienne ou celle d’un collègue. L’élément crucial est de ne pas limiter les responsabilités de la personne sourde ou malentendante de par son handicap. Au contraire, il faut lui donner l’opportunité d’aller au-delà si elle le souhaite, sans la forcer.
La surdité et la malentendance au travail au-delà des préjugés
Une personne ayant un handicap auditif peut atteindre ses rêves, même les plus “irréalistes”. Certes, le chemin sera plus sinueux, mais les difficultés rencontrées font également partie de la richesse du handicap auditif.
Nombreux sont les exemples qui montrent que le handicap auditif est compatible avec des activités de travail d’équipes, de communication avec autrui, de capacité à créer… et des qualités de leadership qui vont avec. Johanna Lucht est la première ingénieure de la NASA née sourde ayant pris part au contrôle du lancement d’une navette spéciale. Marlee Matlin, une actrice hollywoodienne récompensée maintes fois, livre sa vision : « Qui a dit que j’avais des limites ? Je peux tout faire, sauf entendre. Oui, je ne peux pas être chanteur, ni opérateur téléphonique, ni accordeur de piano, mais il y a beaucoup de choses que je peux faire dans la vie. Pourquoi s’attarder sur mon « handicap » ou mes « limites » perçus quand je peux leur montrer que la vie est pleine de possibilités pour tout le monde. »